Pour le Fespaco, le Burkina préfère le Mali au Togo
À trois semaines de la prochaine édition du festival de cinéma de Ouagadougou, le comité d’organisation annonce que le pays invité d’honneur n’est plus le Togo, mais le Mali…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 5 février 2023 Lecture : 2 minutes.
Les réalisateurs togolais Sanvi Panou ou Marcelin Bossou en feront peut-être, un jour, un scénario de long métrage. En janvier dernier, le ministre burkinabè de la Culture avait annoncé à son homologue du Togo que son pays serait l’invité d’honneur de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), marque d’estime exclusive de chaque édition. Et Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo de justifier ce choix par les nombreuses actions effectuées récemment par le gouvernement du pays voisin du Sud, « dans le sens de la création d’un cadre propice à la promotion cinématographique »…
Or, ce 2 février, l’installation du comité national d’organisation du festival s’est accompagnée d’une nouvelle inattendue : le Mali sera, du 25 février au 4 mars, le pays invité d’honneur de la biennale du cinéma. S’agirait-il d’une sanction contre le pays qui héberge le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, prédécesseur renversé du capitaine Ibrahim Traoré, actuel président de la transition burkinabè ? Le secrétaire général du ministère de la Culture et président du comité national d’organisation du Fespaco affirme qu’il n’y a pas de contentieux avec le Togo mais que, au regard des défis du moment, « il n’y a pas meilleur partenaire que le Mali pour être pays invité d’honneur »…
Le Togo va-t-il bouder ?
En cette époque où chacun s’égosille pour écarter toute politisation du sport, est-on en train d’infuser les questions politiciennes dans la culture ? Les « visions communes » du Mali et du Burkina vantées par Fidèle Tamini, secrétaire général du ministère de la Culture et président du comité national d’organisation, n’ont-elles rien à voir avec les assauts d’affection bamakois des deux Premiers ministres, lors du déplacement très récent d’Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela au Mali ? S’agit-il plutôt de points de vue sur les cadrages ou les arcs dramaturgiques de la production audiovisuelle contemporaine ?
Faure Gnassingbé se demande peut-être quelle « vision » n’est pas sienne, lui dont le pays est également concerné par la menace terroriste. Lui qui fit, par ailleurs, office de médiateur, à Bamako, dans la crise des militaires ivoiriens détenus au Mali. Sans doute le président togolais devra-t-il se résigner à ne pas obtenir de réponse d’un régime burkinabè qui aime trier les sujets qu’il évoque.
Le Burkina et le Mali s’engagent-ils dans une monogamie diplomatique gourmande de preuves d’amour ? Qui trop embrasse politiquement mal étreint culturellement. Les autorités cinématographiques togolaises bouderont-elles ce Fespaco dont la fréquentation internationale pourrait déjà pâtir du contexte sécuritaire sahélien ? Placée sous le thème « Cinémas d’Afrique et culture de la paix », c’est bien sous le signe de la résilience que la biennale des grands écrans entend être célébrée…
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