Tchad : Mahamat Saleh Annadif, une affaire d’État

Accusé de complicité de détournement de fonds publics, l’ancien ministre des Affaires étrangères Tchadien, Mahamat Saleh Annadif, attend son procès. Et clame son innocence.

Annadif est-il la dernière victime de la traque anticorruption ? © Vincent Fournier/J.A

Annadif est-il la dernière victime de la traque anticorruption ? © Vincent Fournier/J.A

Publié le 18 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Au milieu des dunes, dans sa cellule de la prison de Moussoro, Mahamat Saleh Annadif, 55 ans, ancien ministre des Affaires étrangères qui fut aussi ambassadeur de l’Union africaine auprès de l’Union européenne, attend son procès. Le 10 mai, les juges ont rejeté la demande d’annulation des poursuites déposée par ses avocats. « C’est une cabale qui continue contre moi », avait-il confié au téléphone à l’un de ses proches juste avant d’être inculpé et placé sous mandat de dépôt.

Celui qui est désormais l’ex-secrétaire général de la présidence du Tchad a été arrêté le 17 avril pour « complicité de détournement de fonds publics » appartenant à la direction générale des grands travaux présidentiels. Clamant son innocence, il assure avoir obéi aux ordres de son supérieur hiérarchique, le chef de l’État Idriss Déby Itno, et avoir déjà été entendu deux semaines avant son arrestation. Laquelle est étroitement liée à celle de Mahamat Zene Bada, le directeur général des grands travaux présidentiels. Accusé d’avoir détourné plus de 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros), ce dernier a été écroué en février.

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Lors de l’instruction du dossier de Zene Bada, les enquêteurs ont découvert une mystérieuse correspondance, adressée au directeur général de la Banque commerciale du Chari (BCC) et signée de la main d’Annadif. Ce dernier lui ordonnait d’affecter l’intégralité du solde d’un compte bancaire à la direction générale des grands travaux présidentiels, afin de financer un projet de construction. Convoqué en tant que témoin devant le juge, Annadif aurait produit, selon ses avocats, un double de la missive portant le visa du chef de l’État et approuvant le transfert.

Annadif crie au complot

Libre, il part alors en France pour y recevoir des soins médicaux. Quelques jours après son retour à N’Djamena, il reçoit une autre convocation et se présente à nouveau devant le juge, le 17 avril. Lequel lui signifie que des preuves attestent de sa complicité dans cette affaire sans que – toujours selon ses avocats – celles-ci ne lui aient été révélées. D’abord placé en garde à vue à Moursal, il est transféré à Moussoro le 22 avril. Ni les droits de la défense ni les règles de la procédure pénale n’auraient été respectés, d’après ses conseils, à qui l’on a interdit de rencontrer leur client avant le 5 mai (or la communication avec les avocats est libre dès le premier jour de l’inculpation) et que l’on a empêchés d’accéder à son dossier d’accusation.

Annadif est-il la dernière victime de la traque anticorruption ? Engagée par Idriss Déby Itno en 2009, elle a déjà fait vaciller plusieurs caciques du régime. Zene Bada, alors maire de N’Djamena, avait déjà été écroué en janvier 2010 pour détournement de fonds. Et l’actuel président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, avait été mis aux arrêts en octobre 2009 pour avoir reçu un pot-de-vin alors qu’il était secrétaire général de la présidence. Annadif, lui, crie au complot : après les élections communales, son nom avait circulé en vue d’une éventuelle nomination au poste de Premier ministre. 

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