Agrobusiness – Cameroun : Yaoundé enclenche la première

Avec l’aide de l’Inde, une usine de tracteurs et de moissonneuses-batteuses a été livrée à Ebolowa, dans le sud du pays. De quoi révolutionner l’agriculture camerounaise ?

Paul Biya lors d’une réunion agricole à Ebolowa, Janvier 2011. © Maboup

Paul Biya lors d’une réunion agricole à Ebolowa, Janvier 2011. © Maboup

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Publié le 14 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Agro-industrie : un potentiel à développer
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Agro-industrie : un potentiel à développer

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Comme l’avait rappelé Paul Biya lors d’un comice agricole en janvier 2011, « la mécanisation du secteur est une priorité pour [le] pays ». Le chef de l’État camerounais peut donc se féliciter de la réouverture en mars d’une chaîne de montage de matériels agricoles dans la ville d’Ebolowa (région du Sud), à 150 km de Kribi. Cette usine fait partie de l’accord signé en 2009 entre l’Exim Bank of India et le gouvernement camerounais, pour un montant de 29 millions d’euros.

Démarrée début 2011, sa construction avait été suspendue en août, officiellement faute d’argent, avant que l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs, révoltée par l’enlisement du projet, ne convoque la presse à la fin de l’année, obligeant les politiques à intervenir pour éteindre le scandale naissant. Dépêché en urgence par la présidence, Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, s’est rendu à Ebolowa début janvier pour confirmer « la reprise des travaux » et assurer que la livraison de l’usine serait terminée « dans les tout prochains mois ».

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Un programme pour doper la compétitivité

Depuis bientôt deux ans qu’il se déploie à travers le pays, le Projet d’amélioration de la compétitivité agricole au Cameroun (Paca) commence à porter ses fruits. « Nous sommes très satisfaits des avancées techniques constatées sur le terrain », se félicite Albert Toussi, le coordonnateur national de ce projet, lancé par la Banque mondiale, qui vise à réhabiliter les infrastructures, renforcer les capacités et promouvoir les partenariats économiques et l’appui institutionnel. D’une durée de cinq ans et pourvu d’un budget global de 62 millions d’euros, il ambitionne « de rendre les filières plus compétitives, d’améliorer la qualité de la production ainsi que l’impact du secteur agricole sur l’économie et l’emploi ». Six filières jugées stratégiques ont été identifiées dès 2008 : le riz, la banane plantain, le maïs, le palmier à huile ainsi que les élevages de porcs et de volailles. À terme, il s’agira d’augmenter de 20 % la commercialisation de ces produits.  

Egreneuses

Actuellement dévoré par les mauvaises herbes, le site industriel s’étend sur une dizaine d’hectares en dehors de la ville. Il dispose d’une capacité de montage quotidienne de huit à douze engins agricoles de marque Sonalika et d’une unité de fabrication de petits matériels (motopompes, égreneuses, semoirs). À terme, plus de 1 000 tracteurs devraient sortir chaque année de ses chaînes de montage ainsi qu’une vingtaine de moissonneuses-batteuses, le tout destiné aux marchés domestique, dans un premier temps, « puis sous-régional », a insisté lors de sa visite Emmanuel Nganou Djoumessi, conscient de l’importance d’un projet « susceptible de révolutionner l’agriculture camerounaise ».

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La réalisation de cette chaîne de montage fait suite au don par le gouvernement indien, en 2006, de 60 tracteurs Sonalika pour tester leur capacité d’adaptation aux conditions agricoles du Cameroun. Avec une réussite certaine pour les agriculteurs, comme le montre Rebecca Kamgue, présidente de la Coopérative agropastorale des femmes rurales du Littoral, Ouest et Sud-Ouest. « Grâce à cet engin, nous sommes passés de moins de 2 ha exploités en 2006 à plus de 50 ha l’année dernière », souligne-t-elle.

Décidé à étendre les surfaces de production agricole de 20 % pour 2015, le gouvernement espère tripler d’ici là le nombre de tracteurs dans le pays, soit 450 machines supplémentaires chaque année. « La mécanisation permet une augmentation des surfaces cultivées, donc des récoltes. La demande nationale pourra ainsi être satisfaite et, dans le même temps, les exportations vers les pays voisins soutenues », explique un expert de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). À condition de réorganiser les exploitations agricoles, dont la superficie, inférieure à 2 ha en moyenne, est actuellement insuffisante pour autoriser une utilisation optimale des machines. 

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Olivier Caslin, envoyé spécial

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