Pointe-Noire : Ponton sur les ondes de DVS
Depuis 2006, le groupe de radio et télévision de Martin Diafouka tente de tirer son épingle du jeu dans un contexte congolais très concurrentiel.
Pointe-Noire : identités plurielles
« Je n’avais jamais envisagé de créer une télévision ou une radio à Pointe-Noire. Mon objectif était Brazzaville, où j’avais déjà fait construire un bâtiment pour cela. J’ai acheté du matériel audiovisuel en Afrique du Sud, en France, en Italie et en Espagne. Mais, au lieu d’être acheminé à Brazzaville, il a été débarqué à Pointe-Noire. Ce qui a changé tous mes plans ! » C’est ainsi que Martin Diafouka, 64 ans, raconte la naissance non programmée de DVS+ dans la métropole maritime.
Avant de fonder le groupe dont il est le PDG, ce natif de Dolisie (à 180 km à l’est de Pointe-Noire) a eu un parcours atypique. Enseignant, puis directeur d’école, il décide un jour de suivre l’exemple de l’un de ses amis et de se lancer dans les affaires. En 1969, il s’installe à Pointe-Noire et crée une entreprise de bâtiment, travaux et services (BTS), qui compte parmi ses clients Elf Congo, de 1972 à 1973. Parallèlement, dans les années 1980, Martin Diafouka fait ses premiers pas dans la musique ; il récolte un certain succès avec le Grand Orchestre (GO) Momekano.
Au début des années 2000, il est sollicité par deux professionnels des médias, Chastel Tsinga et Joseph Diellé, pour monter une station de radio et une chaîne de télévision. La proposition l’intéresse, d’autant que son entreprise vient de construire un pont et a encaissé un gros chèque. Des locaux sont trouvés à Loandjili, un arrondissement du nord de Pointe-Noire. La télévision et la radio commencent à émettre le 1er mai 2006. Plus tard, Diafouka achètera un terrain au quartier Lumumba pour y construire le siège de DVS+, qui, selon lui, a représenté un investissement global de 600 millions de F CFA (915 000 euros).
Dès le début, il confie la gestion de l’entreprise à deux de ses enfants. Quelques années plus tard, DVS+ est au bord du gouffre à cause de malversations. Les arriérés de salaires s’étant accumulés, le personnel décide de faire grève. C’est la panique. « Je considère cet épisode comme le plus grand échec de ma vie », avoue Martin Diafouka, qui depuis a repris les choses en main et « emploie soixante personnes, dont une vingtaine de journalistes permanents ».
"Sans parti pris"
De l’avis de beaucoup d’habitants de Pointe-Noire, DVS+ est une chaîne qui correspond à leurs attentes. « Il y a eu une fois un poisson d’avril annonçant la fermeture de la chaîne. Cela a provoqué un mouvement de solidarité de la part du public », raconte le superviseur général des antennes. D’après lui, « DVS+ se distingue des autres par le professionnalisme de son personnel, le respect de la déontologie, un traitement réaliste de l’information, sans aucun parti pris ». Des qualités qui font du journal télévisé de la chaîne « le premier de Pointe-Noire », selon ce salarié.
Émettant dans un rayon de 50 km autour de la ville, la chaîne de télévision, généraliste, essaie de satisfaire ses téléspectateurs en dépit de moyens de production limités. Ses émissions sont diffusées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elles pourraient cependant bientôt s’arrêter vers 23 h 30, pour laisser la place à un relais de TV5, et ne reprendre que le lendemain à 5 h 30. DVS+ n’a que cinq programmes « maison ». Pour aller plus loin, il lui faudrait beaucoup plus de moyens financiers. Or la publicité, principale source de revenus, ne rapporte pas grand-chose : entre 25 000 et 30 000 F CFA (entre 38 et 46 euros) la minute… Ce qui n’empêche pas Martin Diafouka de continuer à caresser son vieux rêve, celui d’ouvrir une antenne à Brazzaville.
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