Adel Ben Khaled : « Les constructeurs allemands s’intéressent de plus en plus au Maroc »
Spécialiste des câbles électriques, le groupe de Nuremberg Leoni vient d’inaugurer sa huitième usine dans le royaume. Située à Berrechid, elle emploiera 2 500 salariés d’ici à 2014.
L’équipementier allemand Leoni continue son expansion en Afrique du Nord, où il compte 25 000 salariés (60 750 dans le monde). Implanté dès 1977 en Tunisie, le fabricant de câbles électriques, leader en Europe et quatrième dans le monde, mise aussi sur le Maroc, où il vient d’inaugurer sa huitième usine, pour fournir les usines automobiles de l’Europe du Sud-Ouest. Aujourd’hui, il profite du démarrage de Renault Tanger Med. Aux manettes depuis 2009, Adel Ben Khaled, ingénieur de 47 ans né à Zaghouan (Tunisie) et formé à Karlsruhe (Allemagne), veut faire progresser de 15 % les ventes de la filiale cette année.
Jeune Afrique : Quel est l’objectif de votre nouvelle usine de Berrechid, inaugurée le 19 avril ?
En Tunisie et en Égypte, le groupe n’a pas réduit la voilure, contrairement à certains concurrents.
Adel Ben Khaled : Cette implantation est entièrement destinée aux équipementiers, qui s’installent en nombre au Maroc et ont besoin de nos produits. Nous l’avons conçue comme un regroupement de mini-usines, chacune étant dévolue à un client spécifique : Siemens, Valeo, Faurecia, Plastic Omnium… D’ici à 2014, Berrechid devrait compter 2 500 salariés travaillant pour une dizaine d’équipementiers.
En Allemagne, comment sont perçues ces implantations à l’étranger ?
Il n’y a pas de polémique sur ce sujet : nos salariés allemands comprennent la nécessité d’une combinaison entre un service commercial et d’ingénierie en Allemagne et des centres de production compétitifs.
Leoni fournit le câblage du monospace Lodgy, le premier véhicule fabriqué par Renault Tanger Med. La compétition a-t-elle été rude ?
Nous sommes fiers d’avoir été sélectionnés, alors que le Maroc compte de grands concurrents comme Sumitomo, Yazaki ou Fujikura. Nous avons gagné ce marché d’abord en raison de notre expérience positive de fournisseur pour la Logan, tant à Casablanca qu’en Roumanie. Renault avait confiance dans notre capacité à respecter nos engagements. Les économies d’échelle nous ont permis d’être compétitifs sur le plan des coûts. C’est notre usine d’Aïn Sebaa qui est chargée de cette production.
L’année 2011 a été mouvementée en Afrique du Nord… Comment l’avez-vous vécu ?
En Tunisie et en Égypte, où Leoni compte respectivement 13 000 et 4 000 employés, le groupe n’a pas réduit la voilure, contrairement à certains concurrents. Malgré la crise, nous avons prouvé à nos clients européens que nous étions capables de livrer dans les temps, quitte à vendre parfois à perte pour garder leur confiance. Aujourd’hui, nous espérons que ces pays sortiront vite de ces situations politiques transitoires.
Le Maroc en a-t-il profité pour prendre des parts de marché à la Tunisie dans le secteur automobile ?
Même au sein de Leoni, les entités d’Afrique du Nord sont en concurrence. Mais à cause de l’approvisionnement en « juste à temps », la proximité géographique est essentielle. Pour cette raison, le Maroc fournit surtout l’Espagne, le Portugal et la France, tandis que la Tunisie vise davantage l’Allemagne et l’Europe orientale. Néanmoins, ces derniers mois, il y a un regain d’intérêt des constructeurs et équipementiers allemands pour le Maroc, notamment à cause du facteur politique. Certains d’entre eux songent à s’y installer.
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Propos recueillis par Christophe Le Bec
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