Angola : au nom du Cabinda
Les rebelles du Flec ont proposé une trêve et l’ouverture de pourparlers de paix, début avril, mais n’ont reçu aucune réponse des autorités angolaises.
La lettre est datée du 5 avril. Khendhrah Silverbridge y propose, au nom de Nzita Tiago, le chef historique des séparatistes du Front de libération de l’enclave de Cabinda (Flec), qui en a fait son ambassadrice, l’ouverture de pourparlers de paix. Mais pour l’instant, rien n’est fait. Le 26 avril, le général Manuel Hélder Vieira Dias, dit Kopelipa, tout-puissant chef du bureau militaire du président angolais et destinataire du courrier, n’avait toujours pas répondu.
À Paris, où il s’est installé, Nzita Tiago, 84 ans, affirme pourtant attendre beaucoup de cette offre de négociations. Qu’elle soit formulée en son nom – et non en celui d’une des factions du Flec, aujourd’hui très divisé – devrait attirer l’attention de Luanda. Nzita Tiago conserve un réel poids politique auprès de la diaspora cabindaise. « Son nom, explique un connaisseur du dossier, est très respecté, et c’est le seul interlocuteur avec lequel l’Angola peut accepter de dialoguer. »
Sur le terrain, pourtant, Tiago a perdu en influence depuis qu’Alexandre Tati Builo a fait sécession pour fonder, en 2010, le Flec-Fac (Forces armées cabindaises), entraînant derrière lui une grande majorité de combattants. « L’offre de Tiago est intéressante, analyse notre expert, mais elle a été faite depuis Paris. Elle risque de n’avoir que peu de conséquences au Cabinda. Tiago n’a pas les moyens de décréter un cessez-le-feu. Les armes, c’est Alexandre Tati Builo qui les a. » Sauf que Luanda refuse de voir en Tati autre chose qu’un chef de faction et ne lui reconnaît aucune légitimité.
Nuisance
L’Angola va-t-il donner une suite favorable à la proposition du Flec ? Pas sûr que cela soit dans son intérêt. Certes, il y a eu le coup d’éclat de janvier 2010 – l’attentat meurtrier contre l’équipe togolaise de football, en pleine Coupe d’Afrique des nations. Mais, après plus de trois décennies de guérilla, les querelles qui divisent les rebelles ont diminué leur pouvoir de nuisance. Ceux-ci inquiètent les investisseurs, pas le régime angolais. « Nous sommes pourtant réalistes, s’énerve Khendhrah Silverbridge. Nous ne demandons plus l’indépendance, ni même l’autonomie. Ce que nous voulons, c’est la paix pour les Cabindais. Nous voulons qu’ils puissent rentrer sur leur terre. Nous ne revendiquons pas l’argent du pétrole, juste des infrastructures. Est-ce vraiment trop demander ? Comment peut-on ne pas nous répondre ? »
Ces dernières semaines, l’Angola a renforcé sa présence militaire au Cabinda – petit territoire enclavé entre les deux Congos dont il tire plus de la moitié de ses revenus pétroliers et qui fait de lui le second producteur de brut au sud du Sahara. La proximité des élections législatives, prévues en septembre et qui devraient permettre au président dos Santos d’être reconduit à la tête de l’État, n’y est sans doute pas pour rien.
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