Le 90e anniversaire de Paul Biya, un pas de plus vers le centenaire ?

Après avoir fêté ses quarante ans à la présidence du Cameroun, le patriarche Paul Biya célèbre un 90e printemps, et les festivités laissent entendre peu de voix discordantes.

© Damien Glez

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Publié le 13 février 2023 Lecture : 2 minutes.

Dans l’entourage de la présidence camerounaise, les fêtes se suivent et se ressemblent. Le 6 novembre dernier, plusieurs milliers de partisans de Paul Biya célébraient les quarante ans de celui-ci à la tête du pays, deuxième cas dans le classement de longévité actuel sur le trône, après les quarante-trois ans du chef de l’État équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Ce 13 février, c’est une émotion plus privée qui étreint le clan, avec le 90e anniversaire de l’autoproclamé « homme-lion ».

En dehors des têtes couronnées, qui n’ont pas à remettre cent fois leur ouvrage sur le métier électoral, les nonagénaires sont rares au sommet des institutions exécutives, comme le Zimbabwéen Robert Mugabe qui démissionna à l’âge de 93 ans ou le Tunisien Béji Caïd Essebi décédé au pouvoir à 92 printemps. Paul Biya est même actuellement le plus vieux chef d’État en exercice.

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Zèle plus ou moins contraint

« Privé », l’anniversaire de Biya ? L’événement fait la une de l’actualité camerounaise, les journaux et réseaux sociaux se faisant l’écho de festivités fastueuses à Mvomeka’a, le village natal du patriarche, à quelque 250 kilomètres de Yaoundé. Après les réjouissances, il sera de bon ton de noter quel privilégié à eu les honneurs d’une invitation autour du gâteau, photo à l’appui. Au-delà des liens du sang, la famille politique s’en donne à cœur joie. Figure du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Justine Diffo salue l’anniversaire de celui qui l’a guidée de son « aura institutionnelle » et de son « auréole spirituelle ».

Au-delà même des « biyaïstes » étiquetés, chacun y va de son zèle plus ou moins contraint. Le 7 février dernier, le recteur de l’université de Yaoundé I adressait aux chefs de départements un courrier invitant ceux-ci à « prendre des dispositions par anticipation […] pour la mobilisation des étudiants » à la cérémonie de ce lundi prévue au palais des sports de Yaoundé.

Dans un Cameroun où l’on situe l’espérance de vie à la naissance autour de 59 ans, le grand âge est un motif indiscutable de respect. Pourtant, si l’anniversaire de Paul Biya devrait être l’occasion d’une trêve politique de vingt-quatre heures, le nombre impressionnant de ses années de vie suscite fatalement, en filigrane, des débats sur les scénarios de succession.

« Bambin » de 64 ans, le ministre des Finances Louis Paul Motaze emportera-t-il le gros lot, le moment venu, ou l’effacement de Paul Biya de la scène politique déclenchera-t-il une guerre des clans ? L’actuel chef de l’État souhaite garder toutes les cartes en main. En juillet dernier, en conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron, il rappelait que son mandat court jusqu’en 2025, ajoutant, à l’endroit d’une journaliste de Radio France international : « Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informée de savoir si je reste ou si je m’en vais au village. » Aucune déclaration formelle de non-candidature en 2025…

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