Côte d’Ivoire : « Contrairement à une idée reçue, nous ne déboisons pas »

Menacés par les campagnes européennes contre l’huile de palme, les producteurs ivoiriens ont pris la tête de la riposte.

L’argument de l’AIPH : l’huile de palme fait vivre des millions de familles. © Olivier pour J.A

L’argument de l’AIPH : l’huile de palme fait vivre des millions de familles. © Olivier pour J.A

Publié le 14 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

L’Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH) de Côte d’Ivoire menace de déposer une plainte contre les magasins U pour « publicité mensongère ». Ses membres ont mandaté début avril le cabinet d’avocats de Jean-François Chauveau, à Abidjan, afin d’examiner toutes les voies de recours pour répondre à la campagne de presse lancée par l’enseigne française depuis plusieurs mois. Une campagne à base de spots télévisés et d’encarts publicitaires dénonçant la nocivité de l’huile de palme pour la santé, la destruction de la forêt et la menace de disparition de l’orang-outan en Asie du Sud-Est dans les régions de production. Dans les commerces européens, on trouve de plus en plus de produits étiquetés « sans huile de palme », et des émissions vantent régulièrement les mérites de la cuisine sans cet oléagineux.

« Derrière ces attaques, on pense que se cachent les lobbies du soja, du colza et du tournesol », explique Jean-Louis Billon, patron de Sifca, premier agro-industriel ouest-africain avec une production d’huile de palme de 300 000 tonnes par an. Le groupe, allié aux multinationales asiatiques Wilmar et Olam, commercialise ses produits en Afrique de l’Ouest, où le déficit annuel en huiles est de l’ordre de 600 000 t. Pourquoi alors riposter en Europe ? « Toutes ces attaques font baisser les cours de l’huile de palme, déplore Billon. Au final, tout le monde en pâtit, du producteur à l’agro-industriel. »

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Pour lui, le lancement des campagnes européennes est à l’origine de la chute des cours, le prix de l’huile étant momentanément descendu au-dessous des 1 000 dollars la tonne en octobre. Pour d’autres, le jeu de l’offre et de la demande est le seul responsable : en raison d’une baisse attendue de la production de soja, le cours de l’huile de palme est repassé au-dessus des 1 200 dollars la tonne depuis février. Peu importe. Les producteurs restent inquiets à moyen et long termes, notamment à propos de l’impact que pourrait avoir ce climat délétère sur les aides publiques en provenance de l’Union européenne.

Un aliment de base

Pour sensibiliser le grand public, l’AIPH prépare l’organisation d’un congrès africain sur l’huile de palme qui se tiendra en fin d’année à Abidjan. Des actions de lobbying sont en préparation avec l’Association des industriels de la filière oléagineuse de l’Union économique et monétaire ouest-africaine et le Malaysian Palm Oil Council afin de mobiliser les États et les médias. Leurs arguments : le palmier à huile (Elaeis guineensis) est originaire d’Afrique de l’Ouest, il fait vivre des millions de familles et constitue un aliment de base des populations. « Contrairement à une idée reçue, nous ne déboisons pas mais replantons sur des terres déjà exploitées depuis des années, notamment dans le café-cacao », ajoute Jean-Louis Billon.

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