Présidentielle française : autant en emporte le vent

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  • Elise COLETTE

    Directrice adjointe des rédactions de Jeune Afrique. Particulièrement en charge des questions digitales : rédaction en chef des sites web, développement de projets éditoriaux, gestion des rédactions web et print, évolution des rédactions.

Publié le 1 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

« En connaissant le sens du vent, on obtient une indication quant à l’évolution du temps à venir. » Jamais démentie, cette évidence physique vulgarisée dans les années 1930 par l’abbé Moreux, météorologue de son état, s’est même déplacée vers des domaines très éloignés de la circulation des masses d’air.

Ainsi, en politique, et plus particulièrement à l’approche des rendez-vous électoraux, le vent des sondages emporte souvent avec lui son lot de personnalités volatiles qui, comme les hirondelles, annoncent le printemps. À condition de n’être pas seules. Dans la semaine qui a précédé le 22 avril, premier tour de la présidentielle, le candidat socialiste, François Hollande, a rallié de nombreux soutiens. En appliquant le précepte de l’abbé Moreux, on pourrait donc en tirer quelques conclusions sur l’identité du vainqueur de l’élection.

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Retour de bâton de la politique dite « d’ouverture », pratiquée en 2007 sans modération par l’actuel locataire de l’Élysée, deux des principaux oiseaux ont effectué un retour à la gauche du nid. Fadela Amara, secrétaire d’État chargée de la Politique de la ville de 2007 à 2010, a rappelé que son coeur avait toujours battu pour les socialistes. Martin Hirsch, haut-­commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse jusqu’en 2010, a, lui aussi, déclaré que son bulletin n’irait pas à Sarkozy. Voilà pour les moineaux égarés qui veulent se rappeler au bon souvenir de leurs anciens amis.

Les autres girouettes, pourtant notoirement de droite celles-là, semblent avoir surtout profité des alizés socialistes pour régler leurs comptes. C’est le cas des proches de Dominique de Villepin – ennemi intime de Sarkozy. Brigitte Girardin, ministre déléguée à la Coopération de 2005 à 2007, et Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances dans le même gouvernement, ont fait publiquement le pari de l’antisarkozysme. Ainsi également du clan de Jacques Chirac, qui comme un seul homme (ou presque, puisque sa femme Bernadette soutient encore Sarkozy) s’est prononcé en faveur de l’ami corrézien. Parmi les proches de l’ex-chef de l’État, Hugues Renson, l’un de ses conseillers, et Jean-Jacques Aillagon, son ancien ministre de la Culture, ont fait des apparitions remarquées lors du meeting de Hollande à Vincennes, le 15 avril.

En France comme ailleurs, les sirènes du pouvoir – pour de bonnes raisons (vouloir agir quel que soit celui qui tient la barre) ou de mauvaises (chercher à en toucher les dividendes) – ne perdront jamais de leur attrait. « Est-ce parfaitement élégant ? » interrogeait Nicolas Sarkozy au lendemain du lâchage de Martin Hirsch. Quand c’était à sa poupe que le vent soufflait, il ne s’embarrassait pas de telles interrogations morales… En effet, en 2007, la transhumance s’était effectuée dans le sens inverse – qui était déjà à l’époque celui du vent, notez bien. Éric Besson, devenu ce que l’on sait, avait lâché avec fracas la candidate de son parti. Cinq ans plus tard, il déclare rester fidèle à celui qui l’a fait ministre. Dans le camp socialiste, il y a fort à parier qu’il n’aurait pas été reçu à bras ouverts. Pas fou, l’oiseau !

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