Malik Djoudi, un roi qui a du tempérament

Led Zep’, Supertramp, Ray Charles… L’artiste français aux origines algérienne et vietnamienne dévoile ses multiples influences à Jeune Afrique.

Malik Djoudi aux Victoires de la musique, le 14 février 2020, à la Seine musicale de Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne. © Alain JOCARD/AFP

Publié le 25 février 2023 Lecture : 4 minutes.

Quand on rencontre Malik Djoudi – pour lui tirer le portrait – il y a des bribes d’enfance, d’influences musicales, de récits familiaux, ponctués de « Que vous dire d’autre ? », qui reviennent comme un refrain. Presque comme si l’artiste, dont l’album Tempérament a été nommé aux Victoires de la musique dans la catégorie des révélations de l’année en 2020, n’avait pas grand-chose d’intéressant à dévoiler. Avec pudeur, sans trop s’attarder sur les détails, celui qui a signé des duos avec Isabelle Adjani et Philippe Katerine sur son petit dernier, Troie (sorti en 2022), se confie sur son histoire d’homme et de musicien.

Voix de cristal

Malgré une voix de cristal qui pourrait faire penser au timbre d’un adolescent, aucun des morceaux du Français n’est sorti il y a très longtemps : il avait déjà 37 ans quand sa carrière a décollé. Depuis 2017, Malik Djoudi a composé trois albums.

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Cela dit, la musique faisait partie de son paysage bien avant. On pourrait même dire qu’il n’a pas perdu de temps à se lancer, car il n’a tenu que huit jours sur les bancs de la fac, en filière sociologie, avant de rejoindre Paris pour se consacrer à sa passion. Il vient alors d’avoir son bac, et sort d’un lycée autogéré de l’île d’Oléron, située au large de la côte ouest française, après une enfance passée entre Poitiers et Béziers, bercé par le métissage de sa mère et de ses grands-parents, Vietnamiens et Algériens.

D’ailleurs, Malik signifie « roi » en algérien. Il porte ce prénom parce que sa mère s’est dit qu’il serait un petit roi quand il verrait le jour. Elle est issue d’une famille de sept enfants, et lui donne naissance alors qu’elle quitte à peine sa propre enfance, à 18 ans. Alors Malik est un peu accueilli comme le « huitième enfant de la fratrie », d’après elle. Jusqu’à ses 5 ans, il fait des allers et retours entre l’ouest et le sud de la France, chez ses grands-parents, qui l’élèvent en majeure partie.

Quand Malik naît, le grand-père n’est pas franchement d’accord pour s’occuper de son petit-fils, mais il finit par le choyer. « Je n’avais pas de père, au départ. Il a joué ce rôle, il m’a appris beaucoup de choses », note l’artiste. Contrairement aux sept autres membres de la tribu, Malik ne connaît pas la sévérité de cet ancien militaire ayant combattu en Indochine, où il a rencontré la grand-mère, Vietnamienne. Le couple a ensuite rejoint l’Algérie, d’où l’homme est originaire. Les enfants y sont nés, avant d’émigrer en France. Tous portent des prénoms algériens, et Malik partage avec eux un nom de famille, celui de ce même grand-père maternel.

« Entourage maghrébin »

Si Malik se souvient d’avoir eu un « entourage maghrébin » lorsqu’il était petit, il ne garde pas un gros bagage de cet héritage nord-africain, et une sorte de flou règne autour du sujet. À l’époque, « on n’en parlait pas trop à la maison », précise-t-il sobrement. Le grand-père est musulman, mais il est le seul à pratiquer : « C’était quelqu’un de silencieux, sur sa jeunesse, sa vie d’avant », se souvient-il. Il suppose que sa « volonté de s’intégrer » y était peut-être pour quelque chose, ou bien était-ce le souhait de ne pas remuer les peines passées. « Je crois que c’était très difficile pour eux, là-bas », ajoute-t-il dans la foulée.

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Malik a bien en lui un mélange de cultures, asiatiques et maghrébines – « deux richesses », dit-il, sans trop savoir comment les matérialiser. En tout cas, il est très sensible à ces métissages, selon ses termes. « Ils font partie de mon sang”, résume-t-il. « La chaleur humaine, la sagesse, la politesse » lui viennent de cette figure paternelle disparue. Quant au Vietnam, il le découvre sur le tard, quand il s’y rend, adulte, pour disperser les cendres de son aïeule, récemment disparue. C’est après ce voyage qu’il se met à composer de la chanson française, à l’origine de son premier album.

Quand son grand-père meurt, il est beaucoup plus jeune (10 ans) en revanche, et n’a donc « pas vraiment la possibilité de se rendre là où celui-ci a grandi ». Il ne connaît pas l’Algérie. « Enfin pas encore », se reprend-il, parce qu’il compte bien aller à la rencontre de ces racines-là aussi.

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Pas de conservatoire

De l’une comme de l’autre de ces origines, on ne trouve pas trace dans sa musique. Pas de notes orientales, pas de sonorités vietnamiennes. Il faut dire que chez sa mère, chez qui il habite dès ses 5 ans, on écoute Bashung, Led Zep’, Supertramp, Ray Charles, Gainsbourg… C’est d’elle que lui vient son amour de la musique, et d’un piano, sur lequel il joue à la maison, en autodidacte. Malik n’a pas mis un pied au conservatoire, n’est pas un as du solfège.

Il compose depuis qu’il a 12 ans, à la suite de son premier chagrin d’amour. Lui qui est le fruit de trois cultures, y compris française, au cœur de laquelle il est né et a grandi, s’est tourné vers une autre horizon pour son projet musical. « J’ai surtout des influences anglo-saxonnes : du trip-hop, de la folk… » Ce fan de cold wave s’implique dans quelques groupes pop rock pendant sa jeunesse. Et finit par être découvert sur un autre terrain : l’électro, qu’il parcourt depuis trois albums maintenant.

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