À l’AIBD, l’envol d’Air Sénégal sur le fret ne compense pas encore le recul d’Emirates et de Brussels Airlines
L’aéroport dakarois, qui a pleinement retrouvé, et même amélioré son trafic passagers pré-Covid, n’affiche pas encore des résultats aussi satisfaisants pour le fret.
Ports, rails, airs… Pour l’industrie des transports, le temps du changement
Malgré la désorganisation du secteur provoquée par le Covid-19, opérateurs traditionnels et nouveaux entrants continuent de renforcer leurs positions. Les politiques d’intégration sous-régionales et de développement du commerce intra-africain boostent les infrastructures et les services à destination de l’hinterland.
En 2022, plus de 4 700 tonnes de fret ont été embarquées ou débarquées à l’Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) par les avions de la jeune compagnie Air Sénégal, un volume qui a presque triplé par rapport à 2019, année de référence de la période pré-Covid.
Il est vrai que la compagnie nationale sénégalaise, créée en 2018, démarrait alors tout juste ses activités et n’avait encore reçu qu’une petite partie de sa flotte actuelle. Il avait ainsi fallu attendre le mois de mars pour qu’elle reçoive son premier A330neo afin de s’envoler vers Paris – ouverte dès février 2022, la destination a d’abord été assurée par un avion de location.
Depuis, elle a créé un département exclusivement consacré au fret, et s’efforce d’exploiter au mieux les capacités de ses avions de ligne, en attendant un potentiel avion cargo. Ces efforts ont permis à Air Sénégal de se hisser à la deuxième place du podium des compagnies aériennes de l’AIBD sur le volet fret, derrière Air France.
Air France largement en tête
C’est également avec des avions de passagers – des Boeing 777 cette fois – que la compagnie française assoit sa domination sur le secteur du transport aérien de marchandises vers et depuis Dakar : avec plus de 8 200 tonnes de denrées transportées en 2022 (+10,9 % par rapport à 2019), la compagnie française a pris en charge à elle seule le quart des volumes traités à l’AIBD en 2022.
Les deux principales compagnies exclusivement dévolues au fret, l’espagnol Swift Air et Turkish Airlines Cargo – filiale de l’opérateur turc – arrivent en troisième et quatrième position, avec respectivement 3 900 et 3 600 tonnes transportées, en hausse de 8,2 % pour le premier et de 53,1 % pour le second par rapport à 2019.
Malgré ces hausses conséquentes, et alors que son trafic passagers affiche une hausse de 5,53 % par rapport à 2019, l’aéroport de Dakar n’a toujours pas retrouvé le volume de fret qu’il avait atteint en 2019. Avec 34 512 tonnes de marchandises en 2022 (parmi lesquelles 12 700 ont été embarquées et 21 800 ont été débarquées), il se situe encore 5,74 % en-dessous du niveau de 2019.
Progression sur le continent
En cause, le fort recul d’Emirates, acteur numéro deux de l’AIBD en 2019 pour le fret, qui a transporté en 2022 1 000 tonnes de moins que trois ans plus tôt sur ses avions de ligne, reculant à la cinquième place du palmarès. Sa filiale cargo, qui avait transporté plus de 500 tonnes de marchandises en 2019, n’est plus présente qu’à la marge à l’AIBD, avec un recul de 75 %.
Brussels Airlines – sur ses avions de ligne – et le spécialiste espagnol du cargo Solenta Aviation ont tous deux reculé de 15 %, transportant respectivement 2 600 et 2 300 tonnes de fret. Ils devancent la RAM, qui a pourtant triplé ses volumes de marchandises par rapport à 2019, pour dépasser les 1 500 tonnes, et Ethiopian, qui frôle les 1 500 tonnes grâce à une hausse de 61 % en trois ans.
À l’échelle continentale, l’Association internationale des transporteurs aériens (Iata) note au contraire une progression de 8,3 % de la demande et une progression de 10,1 % du facteur de remplissage pour le cargo en Afrique entre 2019 et 2022.
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