Le Niger suspend l’exploitation d’une mine d’uranium face aux risques de pollution

Un tribunal d’Agadez vient d’ordonner à la Somida de suspendre l’exploitation d’une mine d’uranium et lui demande de réévaluer l’impact environnemental de son activité.

Glez

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Publié le 15 février 2023 Lecture : 2 minutes.

Le coup est rude. Comme indiqué dans une ordonnance rendue ce 13 février par un juge du tribunal de grande instance d’Agadez, dans le nord du Niger, la Société des mines de Dasa (Somida) est sommée d’interrompre temporairement ses opérations d’exploitation d’une mine d’uranium, le temps pour elle de publier le cahier des charges et une étude réévaluée de l’impact environnemental, avec consultation de la population.

La décision fait suite à l’action d’un collectif d’organisations de la société civile de la zone, ONG dont « toutes les demandes introduites » ont été jugées « bien fondées ». Organisations par ailleurs autorisées à « suivre » et « évaluer » les procédures enclenchées par la compagnie minière.

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Frilosité à l’égard du nucléaire

Le coup est rude pour la Somida, détenue à 80% par la compagnie canadienne Global Atomic. L’entreprise ne fut créée qu’en août dernier et toutes les exceptions soulevées par ses avocats, en audience, ont été rejetées par le juge. Elle a la possibilité de faire appel.

Le coup est rude aussi pour l’État nigérien, actionnaire à 20%, et dont les requêtes n’ont pas davantage été entendues par la cour. Un État qui, tout en étant cinquième producteur mondial d’uranium, voit la contribution du secteur minier dans son PIB chuter, notamment depuis la frilosité de certains pays à l’égard de l’énergie nucléaire, suite à l’accident japonais de Fukushima. Cette contribution oscille, selon les années, entre 2 et 3%, si l’on en croit les documents de la politique minière nationale 2020-2035. Et le Niger est toujours classé parmi les cinq pays les moins bien lotis de la planète, selon l’indice de développement humain (IDH) défini par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Les nappes phréatiques menacées

Si le coup est rude, c’est également parce qu’il suit une autre alerte. En janvier, la Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité (Criirad), déclarait que la gestion des déchets de la Cominak –20 millions de tonnes de boue radioactive de cette autre mine d’uranium de la région–, menaçait l’environnement du site, notamment les nappes phréatiques qui alimentent la ville d’Arlit, et ceci malgré la fermeture de ladite mine en mars 2021.

L’Afrique devra combiner abondance géologique et respect écologique, si elle veut profiter du boom minier, elle qui détient au moins un cinquième des réserves mondiales d’une douzaine de minerais essentiels à la transition énergétique. Et ceci dans un contexte sécuritaire déjà troublé et régulièrement aggravé par les tentations de prédation.

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