RDC : Joseph Kabila peut-il changer ?
Après une transition prometteuse puis un très décevant premier mandat, le chef de l’État congolais Joseph Kabila est dans l’obligation de rebondir. Pour faire oublier sa réélection plus que contestable et répondre, enfin, aux priorités de la RDC, minée par la misère, la corruption et la violence.
Joseph Kabila a finalement tranché, le 19 avril en soirée : « Le président de la République, vu l’urgence et la nécessité, ordonne que soit nommé Premier ministre, chef du gouvernement, M. Matata Ponyo Mapon. » Les « refondateurs », qui plaidaient pour une décrispation et une ouverture politique afin de sortir par le haut de la sombre séquence présidentielle et corriger le tir après un très décevant premier mandat, l’ont emporté. « Le signal est sans appel. Cette nomination va renverser la tendance dans la gouvernance du pays », se réjouissait, le lendemain, l’un des plus proches collaborateurs de celui qui, au ministère des Finances depuis février 2010, a su rétablir les équilibres économiques de la RDC, mettre de l’ordre dans les finances publiques, et obtenir une substantielle annulation de la dette. Originaire du Maniema, Matata Ponyo Mapon (47 ans), est l’homme de la rigueur, de la discipline et des bonnes relations avec les partenaires traditionnels.
De gros atouts pour ce technocrate, ancien cadre de la Banque centrale, qui faisait figure de favori, face aux faucons qui soutenaient l’ex-président de l’Assemblée nationale et secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) Évariste Boshab, la clé de voûte d’un régime vacillant. Un nouveau départ pour Joseph Kabila ? Éventuellement. Après l’élection présidentielle de novembre dernier, qui l’a reconduit dans ses fonctions tout en le fragilisant en raison du déroulement d’un scrutin apocalyptique, il semble, en tout cas, vouloir reprendre la main. Mais il part de loin. Car jusqu’ici, il a donné l’impression d’avoir surtout mené une vie sous influence.
Avec son père Laurent-Désiré, il a subi les affres du campement de brousse sur les rives du lac Tanganyika dans les années 1970, d’un exil en Tanzanie sous un nom d’emprunt pour échapper aux sbires du maréchal Mobutu la décennie suivante, avant de devoir interrompre ses études de droit entamées en Ouganda pour rejoindre, dans les montagnes du Masisi, le Mzee parti à la conquête de Kinshasa, avec le soutien des parrains d’alors, le Rwandais Paul Kagamé et l’Ougandais Yoweri Museveni. Nous sommes en 1996, Joseph a 25 ans.
"Poli mais effacé"
À force d’emprise sur un exécutif évanescent, Katumba était devenu tout-puissant.
La prise de pouvoir, le 17 mai 1997, transforme ce conquistador au pied levé en militaire de carrière poursuivant son apprentissage aux côtés du protecteur et ami, le chef du corps expéditionnaire rwandais, James Kabarebe. « Ils habitaient ensemble, le second avait de l’ascendant sur le premier », témoigne un voisin de l’époque à Kinshasa. « Kabila était accessible, sympathique et poli, mais effacé », ajoute-t-il. Après une formation express de six mois à l’académie militaire de Pékin, Joseph Kabila est rappelé par son père en juillet 1998 pour mener la deuxième guerre congolaise, engagée cette fois contre les anciens alliés.
En novembre 2000, le jeune général est pris en tenailles par les troupes rwandaises dans la forêt katangaise de Pweto. Un brillant banquier ayant travaillé en Afrique du Sud avant d’être catapulté par le Mzee gouverneur du Katanga, en avril 1997, lui sauve la mise en dépêchant sur place un hélicoptère. Augustin Katumba Mwanke entre de plain-pied dans l’histoire de son pays. Il ne quittera plus ni son protégé, ni les avant-postes de la scène politique congolaise. On connaît la suite. Partis du Katanga en avion, les deux hommes se posent en urgence sur l’aéroport kinois de N’Djili, durant la nuit du 16 janvier 2001, quelques heures après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Le lendemain, le fils hérite de la charge paternelle. Le 21 janvier, le gouverneur fait sa première apparition publique lors des funérailles nationales. Plus rien ne les séparera jusqu’à la mort de ce Mazarin congolais dans un banal accident d’avion qui s’est écrasé en bout de piste, le 12 février à Bukavu.
Les refondateurs
left; padding-right: 20px;" />Leur point commun : convaincre Joseph Kabila de revoir la gouvernance du pays. Leur nouveau chef de file : Matata Ponyo Mapon (photo, © Baudoin Mwamda pour J.A.), nommé Premier ministre le 19 avril. Au ministère des Finances depuis février 2010, il a presque doublé le budget de l’État (7 milliards de dollars, soit 5,3 milliards d’euros) et obtenu des bailleurs de fonds une annulation de la dette pour plus de 9 milliards de dollars. Un bilan apprécié au Palais. « Tout ce que j’ai réalisé, c’est avec le soutien du chef de l’État. Sans lui, je n’aurais pas tenu », expliquait Matata il y a peu, reconnaissant s’être fait de nombreux adversaires dans les ministères habitués à piocher dans les caisses du Trésor public sans trop justifier l’utilisation des fonds. Jean-Claude Masangu, le gouverneur de la Banque centrale, Pierre Lumbi, l’ancien ministre des Infrastructures, Olivier Kamitatu, le ministre du Plan, Léonard She Okitundu, l’ex-directeur de cabinet à la présidence, font aussi partie de cette « écurie ». Leurs alliés de circonstance au sein de l’opposition, Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat et candidat à la présidentielle, et François Muamba, l’ancien bras droit de Bemba, sont prêts à jouer l’ouverture… La composition du nouveau gouvernement indiquera la marge de manoeuvre de ces refondateurs.
Pourquoi ces rappels biographiques ? « Car Joseph Kabila est resté au fond de lui ce maquisard, furtif, méfiant, voire craintif, mais terriblement réactif et pragmatique. Il observe en retrait les situations qui se présentent à lui, mais tranche dans le vif dès qu’il y a une ouverture », résume un ancien diplomate en poste à Kinshasa transformé pour l’occasion en psychologue après de nombreux entretiens en tête-à-tête avec le chef de l’État. « Les relations entre Kabila et Katumba étaient à l’image de notre président incapable d’exercer à lui seul un leadership. Solitaire et silencieux, il n’est pas en mesure d’insuffler une dynamique. C’est donc Katumba qui faisait ce travail. Il décryptait les rares consignes présidentielles, les expliquait aux échelons inférieurs et évaluait les résultats obtenus », ajoute un opérateur économique congolais habitué des bureaux du Palais de la nation.
Raspoutine katangais
Cette carence a rendu le chef de l’État « tributaire » de son mentor, devenu au fil du temps l’âme damnée du régime, le « dircab » officieux tirant absolument toutes les ficelles, une sorte de Raspoutine katangais faisant et défaisant les carrières, prononçant les disgrâces et ordonnançant le bal des courtisans. À force d’emprise sur un exécutif évanescent, Katumba était tout-puissant. Les observateurs hâtifs évoquaient l’existence d’un gouvernement parallèle. Ne fallait-il pas plutôt parler d’un État dans l’État fonctionnant en totale autonomie et, plus grave, tournant hors budget et donc finalement exempté de tout contrôle ?
« Kabila était devenu le prisonnier de Katumba », analyse un visiteur du soir littéralement éjecté de la présidence pendant trois ans, qui a aujourd’hui de nouveau l’oreille du chef. La raison de cette mise à l’écart aussi brutale qu’irrévocable : des rivalités dans les affaires. Présent selon toute vraisemblance dans les mines, le pétrole, l’immobilier et la gestion des entreprises publiques, Katumba – avec son acolyte, l’homme d’affaires israélien Dan Gertler – « avait tissé sa toile d’araignée », explique un ancien proche collaborateur du chef de l’État durant la transition (2001-2006), lui aussi satellisé pour cause de désaccord à propos du PPRD. « Je voulais en faire une formation présidentielle avec une assise idéologique, explique notre interlocuteur. Katumba a préféré se constituer une écurie à sa main et manigancer des alliances avec des partis satellites pour constituer une majorité disparate et sans cohérence. » Cette politique de gribouille a produit tous ses effets à l’occasion des catastrophiques élections présidentielle et législatives de novembre 2011.
Le clan Kabila
C’est avant tout la famille, dont l’influence réelle transcende les courants politiques : « maman » Sifa, la mère de Kabila, Jaynet (photo, © B.B.), la soeur jumelle, et Zoé, le frère cadet – tous deux élus à l’Assemblée nationale. L’ambassadeur Théodore Mugalu, le chef de la « maison civile », est écouté, mais il voyage beaucoup. Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda est un confident, mais son travail à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a laissé des traces…
Horizon incertain
Les aboyeurs et les laudateurs tournant autour de Joseph Kabila ne l’ont pas mis en garde. Il suffisait pourtant de mettre le nez dehors pour comprendre que l’horizon était incertain. Premier avertissement : l’arrivée triomphale après trois ans d’exil de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, en décembre 2010. Des dizaines de milliers de Kinois escortent pendant plusieurs heures le Sphinx de Limete de l’aéroport de N’Djili jusqu’à son domicile. « La magie Tshisekedi fonctionnait toujours. Même nous, nous avons été surpris », se souvient l’un des plus proches compagnons du président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Samy Badibanga. Quelques semaines avant ce retour à Kinshasa, Tshisekedi avait clairement affiché ses intentions dans Jeune Afrique. « Cette fois, j’irai jusqu’au bout », avait-il déclaré, anticipant ainsi sur sa candidature à l’élection présidentielle et une victoire plausible dont les contours pouvaient déjà se dessiner. « Son immense popularité reposait en partie sur un rejet de la majorité sortante et une très forte désespérance sociale », précise un diplomate européen.
Nausée
De fait, la liste des griefs relève d’un inventaire à la Prévert. Les Congolais n’ont quasiment rien vu des Cinq Chantiers promis en 2006 (infrastructures, santé et éducation, eau et électricité, logement, emploi), si ce n’est les 7 km de routes bitumées à Kinshasa, dont l’imposant boulevard du 30-Juin. On ne compte plus les coupures d’eau et d’électricité dans une ville tentaculaire où s’entassent plus de 10 millions d’habitants, où le choléra a dernièrement fait son apparition dans certains quartiers littéralement laissés à l’abandon, où il n’y a pas de travail, où les frais annuels d’inscription à l’école primaire s’élèvent à 200 dollars (153 euros) alors qu’un salaire mensuel de base ne dépasse pas les 100 dollars…
Ajoutons à cela l’insécurité persistante dans l’est du pays, où plus de 1,7 million de personnes sont contraintes à un exode permanent pour fuir les violences innommables commises aussi bien par des groupes armés que par des éléments des troupes dites régulières estampillées Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ; l’absence totale d’infrastructures dans les autres provinces ; l’exportation illégale de minerais pour plusieurs dizaines de millions de dollars chaque année ; l’enrichissement vertigineux de certains ministres pouvant se faire construire des immeubles après seulement quelques mois aux affaires ; la rapacité des députés s’arrogeant un salaire mirobolant de 6 000 dollars par mois… Cette impression d’immense gâchis donne au mieux le tournis, au pire la nausée. Bref, Kabila n’avait pas de bilan et disposait, qui plus est, d’une assise électorale incertaine.
Dernières citadelles
Kabila n’a pas voulu voir et a préféré laisser faire ses faucons lors de la présidentielle.
Kinshasa lui était hostile depuis toujours et il n’y avait aucune raison pour que cela change. Sans être grand clerc, il était évident qu’Étienne Tshisekedi devait faire le plein des voix dans les deux Kasaïs. Le candidat Vital Kamerhe allait mordre dans son fief des deux Kivus et Léon Kengo wa Dondo prendre son dû dans l’Équateur… Le Katanga, le Maniema – et le Bandundu grâce à l’accord de gouvernement avec le Parti lumumbiste unifié (Palu) du Premier ministre sortant, Adolphe Muzito – restaient finalement les dernières citadelles. « Kabila aurait dû être alerté, il ne l’a pas été. Il n’a pas de conseillers politiques, il n’a que des agitateurs qui lui garantissent seulement des gains à court terme », explique un analyste politique onusien. « Parler de régime Kabila est un abus de langage. L’édifice est très fragile et repose uniquement sur des luttes d’influence entre différentes personnalités se battant pour des prébendes et des rentes de situation. Mais il n’y a aucune solidité, aucune unité, seulement des marchandages, des calculs et des alliances de circonstance », analyse un diplomate européen en poste à Kinshasa depuis une dizaine d’années.
Kabila n’a pas voulu voir et a préféré laisser faire ses faucons, seuls capables dans ces conditions de maintenir à flot cette frêle embarcation. Le fidèle pasteur Daniel Ngoy Mulunda a été envoyé en mission à la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). « Il a pris toutes les dispositions pour que son camp puisse l’emporter », résume un fonctionnaire international. « Avec Ngoy Mulunda, nous savions que nous allions à la catastrophe, car il n’avait aucune expertise électorale et n’apportait aucune garantie d’indépendance », ajoute un diplomate. Au sein du marigot politique, Katumba et le président de l’Assemblée nationale d’alors, Évariste Boshab, sont à la manoeuvre et obtiennent des parlementaires à l’échine souple la réduction à un seul tour de l’élection présidentielle, en janvier 2011. Concernant l’appareil sécuritaire, en première ligne, le ministre de l’Intérieur, Adolphe Lumanu, le chef de la garde républicaine, Banze Lubunji, et le patron de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Kalev Mutondo, sont chargés de verrouiller l’affaire. À la tribune, le ministre de la Communication, Lambert Mende, lance les anathèmes contre les opposants, les journalistes récalcitrants, Radio France Internationale… et Jeune Afrique, qui décrit les dérives d’un système glissant progressivement vers l’autocratie et la prédation. « Kabila y a vu une campagne de dénigrement », explique l’un de ses ministres au sujet de la couverture Kabila : Mobutu light, de fin janvier 2011. Dénigrement, certainement pas. Prémices d’une chronique d’un fiasco annoncé, plus vraisemblablement.
Les faucons
Politiques ou militaires, ce sont les gardiens du temple. Ils sont puissants, mais orphelins depuis la mort d’Augustin Katumba Mwanke : Évariste Boshab (photo, © D.R.), secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et ancien président de l’Assemblée nationale, Adolphe Lumanu, ministre de l’Intérieur, Kalev Mutondo, patron de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Banze Lubunji, commandant de la garde républicaine…
Déficit de légitimité
Réélu dans les conditions que l’on sait, le chef de l’État souffre aujourd’hui d’un grave déficit de légitimité. Accusations étayées de fraudes, irrégularités en pagaille, désordre indescriptible lors de la compilation des résultats… pour tous les observateurs indépendants, il est impossible de dire qui a véritablement remporté ce scrutin. Les plus lucides dans le camp présidentiel l’admettent à demi-mot. Cette incertitude nécessite un sérieux recentrage politique. « Les lacunes organisationnelles ne peuvent être niées », avance prudemment Léonard She Okitundu, l’ancien directeur de cabinet à la présidence. « Kinshasa, où la vie est très difficile, nous est hostile. Il faut donc répondre à cette urgence en organisant un sommet social », assure-t-il en insistant également sur la « nécessaire amélioration de la bonne gouvernance pour faire revenir les investisseurs » et la « légitime préoccupation des droits humains pour ne pas prêter le flanc à la critique ». Cela ressemble presque à une feuille de route post-Katumba.
Okitundu n’est pas le seul à tenir ce discours. « L’écurie des modérés » estime avoir le vent en poupe. Leur première victoire est sans conteste la nomination à la primature de Matata Ponyo Mapon. Les arbitrages pour la composition de la nouvelle équipe gouvernementale seront également riches d’enseignement. Le gouverneur de la Banque centrale depuis 1997, Jean-Claude Masangu, a bien du mal à masquer ses ambitions après avoir sponsorisé l’élection de plusieurs dizaines de députés. L’ex-ministre des Infrastructures et ancien négociateur du contrat chinois de 2007, Pierre Lumbi, est officiellement le conseiller spécial du président en matière de sécurité, mais son influence grandissante est beaucoup plus large.
Kabila a deux rendez-vous : le Sommet de la francophonie en octobre et la fin de son mandat en 2016.
Revue de casting
« Kabila n’a pas le choix. Il doit élargir sa base politique et rééquilibrer son entourage », résume notre visiteur du soir de nouveau en cour. Pour lui, pas de doute, le « boss » va changer. L’allure du prochain gouvernement sera observée de très près par une communauté internationale prête à tourner la page de la présidentielle à condition d’obtenir des gages d’ouverture. Mais au-delà de cette revue de casting, qui devrait aussi toucher les bureaux du Palais de la nation, les deux capitales les plus impliquées dans une ligne coercitive à l’égard de Kabila, Paris et Washington, ont fixé trois priorités pour entrevoir un début de normalisation avec Kinshasa. La réforme de la Ceni suppose un « lâchage » de Daniel Ngoy Mulunda. L’amélioration des conditions de vie des Congolais nécessite la mise au travail d’un gouvernement compétent et affairé. Enfin, les avancées sur les questions sécuritaires dans l’est du pays exigent une profonde réforme de l’armée. Sur ce dernier point, le chef de l’État a semble-t-il décidé d’accélérer le mouvement. Après la défection de plusieurs officiers, des ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés début 2009 au sein des FARDC, il s’est rendu à Goma (Nord-Kivu) du 9 au 12 avril. De là-bas, il a supervisé la reddition de la plupart d’entre eux et a déclaré vouloir « arrêter et juger au pays » leur chef, le général Bosco Ntaganda, poursuivi pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI). Plus qu’un geste de bonne volonté.
« Kabila a deux rendez-vous dans le viseur », résume un diplomate. Le premier est le Sommet de la Francophonie, à Kinshasa en octobre 2012 (voir ci-dessous). « L’absence de chefs d’État lors de son investiture, excepté le Zimbabwéen Robert Mugabe, l’a profondément affecté. Pour avoir plus de visiteurs dans six mois, il doit briser son isolement. » Le deuxième rendez-vous est plus lointain, mais encore plus important : 2016 et la fin de son deuxième et dernier mandat, selon la Constitution. Sauf à vouloir modifier cette disposition, ce qui semble hasardeux aujourd’hui, il doit d’ici là s’assurer la meilleure protection qui soit pour un ex-président qui aura 45 ans lorsqu’il franchira la porte de sortie du Palais : un bilan présentable. De quoi ensuite envisager une « retraite paisible » avant de « revenir », selon une confidence faite à certains de ses visiteurs. Mais pour cela, Kabila n’a pas le choix. Il doit changer.
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Par Philippe Perdrix, envoyé spécial à Kinshasa
Sommet de la francophonie à Kinshasa : y aller ou pas…
Si François Hollande et Nicolas Sarkozy s’opposent sur à peu près tout avant le second tour de la présidentielle française, ils sont d’accord sur un point : ni l’un ni l’autre n’est partant pour aller au 14e Sommet de la francophonie, prévu du 12 au 14 octobre à Kinshasa. Depuis les élections calamiteuses du 28 novembre en RDC, les photos de la visite officielle de Sarkozy à Kinshasa, en mars 2009, ont subitement disparu du site officiel de l’Élysée. Si le président sortant est réélu le 6 mai, « il ne garantit pas d’aller à Kinshasa, confie l’un de ses conseillers. Cela dépendra des avancées en matière de démocratie et de droits de l’homme de la part du président Kabila ». Si Hollande gagne, la menace est encore plus sérieuse, vu les prises de position du candidat socialiste sur la démocratie en Afrique. Bref, à ce sommet, la France pourrait n’être représentée que par un second couteau.
Si Sarkozy ou Hollande boycotte Kinshasa, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, risque également de bouder le sommet. L’histoire va-t-elle se répéter ? En novembre 1991, à la suite d’un massacre d’étudiants commis par le régime Mobutu, François Mitterrand avait fait déplacer le 4e Sommet de la francophonie de Kinshasa au Palais de Chaillot, à Paris. À l’époque, le message de Mitterrand à Mobutu avait été transmis… par le président sénégalais Abdou Diouf, l’actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie.
Christophe Boisbouvier
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