BPCE – Banque populaire : une alliance en question
Avec l’entrée de BPCE au capital du marocain Banque populaire, les deux groupes affirment leur volonté de se développer sur le continent. Mais leur stratégie reste floue.
Le 16 avril, le groupe bancaire français BPCE et le marocain Banque populaire ont officialisé leur alliance. À la clé, une entrée du premier dans le capital du second, à hauteur de 5 %, et surtout un partenariat industriel et commercial renforcé. Les deux structures mutualistes coopéreront en effet sur le marché des Marocains résidant en France, dans les domaines des opérations commerciales entre les deux pays, de la banque privée ou des plateformes techniques. Plus surprenant, les nouveaux associés ont évoqué le début d’une « collaboration en matière de croissance en Afrique ».
La Banque populaire du Maroc compte ses pas en dehors du royaume, avec seulement trois modestes implantations, en Guinée, en Centrafrique et en Mauritanie. Dans ce dernier pays, le groupe détenu en partie par l’État marocain a même dû se résoudre, pour des raisons mystérieuses, à une association avec Attijariwafa Bank, à qui il a finalement laissé la gestion de la filiale locale. En revanche, BPCE – déjà présent au Cameroun, au Congo et en Tunisie – a officiellement mis l’Afrique à son menu, il y a un an. Avec une enveloppe de 1 milliard d’euros pour son développement international. Le groupe né de l’alliance entre les Banques populaires et les Caisses d’épargne, numéro deux en France, s’est installé à Madagascar, en reprenant les parts de BNP Paribas dans l’un des principaux établissements locaux, et est entré au capital de la Banque nationale de développement agricole au Mali. À l’inverse, les longs mois de négociations avec le groupe Banque Atlantique pour la reprise de sa filiale ivoirienne (Baci) n’ont rien donné.
Feu vert
« BPCE est à l’affût, il veut être informé et regarde beaucoup d’opportunités, souligne un banquier d’affaires africain. Mais les équipes internationales attendent clairement le feu vert du groupe pour accélérer au sud du Sahara. » En France, BPCE a dû trouver plus de 3,5 milliards d’euros pour renforcer sa solidité et satisfaire aux exigences de l’Autorité bancaire européenne avant le 30 juin. Freinant d’autant des ambitions africaines encore peu lisibles. « Le marché bancaire a beaucoup changé, et les bonnes opportunités de développement n’existent presque plus », commente notre financier. Banque populaire, de son côté, est tout aussi avare d’explications sur sa stratégie au Sud. Coincés l’un comme l’autre entre des confrères beaucoup mieux positionnés sur le continent (BNP Paribas et Société générale pour l’un, Attijariwafa Bank et BMCE Bank pour l’autre), les deux alliés ont une large réflexion à mener sur la façon dont ils avanceront leurs pions.
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