Israël : prisonniers du désert

Dans le Néguev, l’État hébreu construit un gigantesque centre de détention. L’ultime étape pour les clandestins subsahariens. Avant l’expulsion.

Des réfugiés soudanais dans le camp de Ketziot, près de la frontière égyptienne. © Yoav Lemmer/AFP

Des réfugiés soudanais dans le camp de Ketziot, près de la frontière égyptienne. © Yoav Lemmer/AFP

perez

Publié le 2 mai 2012 Lecture : 1 minute.

Il se dresse au milieu des dunes, non loin de la frontière égyptienne. Ancien kibboutz reconverti en poste avancé de l’armée israélienne où ont ensuite été entassés les prisonniers palestiniens des première et seconde Intifada, le camp de Ketziot est un témoin atypique de l’histoire de la région. Ces dernières années, des milliers de clandestins africains y ont transité, avant d’être acheminés dans les villes israéliennes, abandonnés à leur propre sort. Ils sont aujourd’hui estimés à près de 40 000. Dans peu de temps, beaucoup reviendront à Ketziot pour un à trois ans, dans l’attente de leur expulsion. Le 10 janvier, la Knesset a approuvé une loi controversée autorisant la détention prolongée de réfugiés subsahariens entrés illégalement sur le territoire israélien, en particulier s’ils sont originaires de pays « hostiles », comme le Soudan. Tous sont arrivés au terme d’un dangereux périple dont l’ultime étape est la péninsule du Sinaï, repère de Bédouins tantôt passeurs, tantôt tortionnaires et marchands d’esclaves.

Apparences

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Le camp de Ketziot est la dernière illustration des mesures draconiennes prises par l’État hébreu pour stopper l’afflux de réfugiés subsahariens sur son sol. Depuis le 1er mars, les bulldozers sont à pied d’oeuvre. Les autorités ont approuvé les plans d’un vaste complexe qui s’étendra sur près de 75 ha. Le coût du projet s’élève à 250 millions de shekels (50 millions d’euros). Couplé à l’édification d’une clôture électronique le long de la frontière égyptienne, le programme a nécessité une coupe budgétaire de 2 % dans trois ou quatre ministères, dont celui de l’Éducation nationale. En 2013, le camp accueillera 11 000 individus, devenant ainsi l’un des plus grands centres de détention au monde. Critiqué par de nombreuses ONG pour cette initiative, le gouvernement israélien a tenté de sauver les apparences. Ketziot sera doté de cellules individuelles de 5 m2 avec toilettes, de cliniques, de lieux de prière, de terrains de sport et même de bibliothèques.

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