L’avant-garde nègre – XIXe siècle : Ira Aldridge

Au XIXe siècle, Ira Aldridge (1807-1867) fit une très grande carrière de comédien aux USA et au Royaume-Uni.

Ira Aldridge a une plaque de bronze au Shakespeare Memorial Theatre de Stratford. © D.R

Ira Aldridge a une plaque de bronze au Shakespeare Memorial Theatre de Stratford. © D.R

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 11 avril 2012 Lecture : 1 minute.

Histoire : l’avant-garde nègre
Issu du dossier

Histoire : l’avant-garde nègre

Sommaire

Ils sont nombreux, aujourd’hui, les acteurs d’origine africaine à avoir revêtu les habits d’Othello, le Maure de Venise. Mais il n’y en a qu’un seul parmi les 33 comédiens honorés par une plaque de bronze au Shakespeare Memorial Theatre de Stratford-upon-Avon : Ira Frederick Aldridge. Né en 1807 à New York, ce fils de Noirs libres descendants de Peuls du Sénégal actuel a étudié à l’African Free School où il s’est tôt passionné pour le théâtre, assistant à de nombreuses pièces présentées au Park Theater. Voir l’acteur Edmund Kean jouer Hamlet décida sans doute de son avenir…

Mais dans les années 1820, devenir acteur ne va pas de soi quand on est noir. Aldridge comprend rapidement qu’il aura du mal à percer en Amérique et gagne le Royaume-Uni. Il parvient à se faire engager par le Royal Coburg Theatre de Londres où, sous le nom de Keene – en référence à Edmund Kean -, il interprète le rôle-titre de The Revolt of Surinam, or A Slave Revenge, adaptation de la pièce Oroonoko, de Thomas Southerne. L’accueil du public est enthousiaste, mais le racisme s’exprime avec violence, dans les essais critiques, contre ce « tragédien de couleur ». Peu importe : Aldridge part à la conquête de la province, où il joue Shakespeare. À Liverpool, ancienne tête de pont du commerce triangulaire, il interprète même des pièces antiesclavagistes ! Son succès est tel qu’il se glisse dans la peau de personnages blancs comme Macbeth… en se maquillant. En 1833, à la mort d’Edmund Kean, Aldridge connaît la consécration avec Othello. À partir de 1852, il tourne à travers toute l’Europe, où il reçoit de nombreuses décorations. À sa mort, Ira Aldridge n’est plus « le tragédien de couleur » mais le « Roscius africain », en référence au célèbre acteur romain. Il ne remit jamais les pieds sur le sol américain. 

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Chocolat dansant, tableau de Lautrec (1896) représentant le célèbre clown noir Rafael Padilla. © D.R

Histoire : l’avant-garde nègre à l’honneur