En Tunisie, des ONG dénoncent un « discours haineux » contre les migrants africains

Alors que les exemples de persécutions contre des migrants subsahariens se multiplient, plusieurs associations tunisiennes cosignent un communiqué condamnant l’inaction de l’État face aux manifestations de racisme.

Migrants africains encadrés par la Garde nationale tunisienne près de la ville de Sfax, dans le sud de la Tunisie, le 28 octobre 2022. © Yassine Gaidi / Anadolu Agency via AFP

Publié le 16 février 2023 Lecture : 2 minutes.

Une vingtaine d’ONG tunisiennes ont dénoncé jeudi la montée d’un « discours haineux » et du racisme dans leur pays contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne. « Ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et déférés devant la justice », ont affirmé dans un communiqué les ONG, dont le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), qui se penche de près sur les questions migratoires.

Ces migrants « ont été arrêtés à la suite d’un contrôle d’identité au faciès, ou même à la suite de leur présence devant les tribunaux en soutien à leurs proches », ont dénoncé les signataires du texte. Selon eux, « l’Etat tunisien fait la sourde oreille sur la montée du discours haineux et raciste sur les réseaux sociaux et dans certains médias ». Ce discours « est même porté par certains partis politiques, qui mènent des actions de propagande sur le terrain facilitées par les autorités régionales », ont-ils ajouté.

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Routes migratoires

Les ONG soulignent que « les politiques européennes d’externalisation des frontières ont contribué depuis des années à transformer la Tunisie en un acteur clé dans la surveillance des routes migratoires en Méditerranée, notamment l’interception des bateaux de migrants en dehors des eaux territoriales et leur transfert en Tunisie ». Dénonçant « les violations des droits humains » dont sont victimes les migrants, les ONG ont appelé les autorités tunisiennes « à lutter contre les discours de haine, la discrimination et le racisme envers eux et à intervenir en cas d’urgence pour garantir la dignité et les droits des migrants ».

En décembre, le gouvernement tunisien avait décidé l’expulsion « dans les plus brefs délais » d’un groupe de migrants qui occupe depuis plus de cinq ans une Maison de jeunesse dans la banlieue nord de Tunis, une décision qualifiée alors d’ »inhumaine et répressive » par le FTDES.

La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants vers l’Italie. Selon des chiffres officiels italiens, plus de 32 000 migrants, dont 18 000 Tunisiens, sont arrivés clandestinement en Italie en provenance de Tunisie en 2022.

(avec AFP)

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