L’avant-garde nègre – XVIIIe siècle : Anton Wilhelm Amo

Aux XVIIIe siècle, Anton Wilhelm Amo (v. 1703-v. 1753-1758) est le premier Africain à obtenir un doctorat en Europe.

Anton Wilhelm Amo a obtenu un doctorat à l’université saxonne de Wittenberg. © D.R

Anton Wilhelm Amo a obtenu un doctorat à l’université saxonne de Wittenberg. © D.R

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Publié le 11 avril 2012 Lecture : 1 minute.

Histoire : l’avant-garde nègre
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« Quand, en avril 1734,  accorda le titre de docteur en philosophie à Anton Wilhelm Amo, cela fut un événement extraordinaire », relate la chercheuse Christine Damis*. Alors que la traite négrière bat son plein, Amo est le premier Africain à obtenir un doctorat en Europe, qui plus est dans la discipline reine de l’Aufklärung.

Amo est né au début du XVIIIe siècle à Axim (actuel Ghana). Âgé d’à peine 3-4 ans, il est offert par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales au duc de Brunswick-Wolfenbüttel. Comme esclave ou afin d’en faire un pasteur, on ne sait exactement. Une chose est sûre : il a été baptisé. Ses deux parrains sont le duc Antoine-Ulrich et son fils Auguste-Guillaume, qui lui offrent une éducation raffinée. En 1729, Amo obtient un diplôme de droit à Halle – pour lequel il rédige (en latin) un mémoire consacré aux droits des Africains en Europe – et cinq ans plus tard un doctorat de philosophie à l’université de Wittenberg avec son Traité sur l’apathie et l’esprit humain. Il s’inscrit alors pleinement dans la tradition philosophique européenne qui, à la suite de Descartes, interroge l’union de l’âme et du corps. Mais Amo ne s’arrête pas là. Dans une optique de savoir encyclopédique, celui qui parle six langues étudie également la médecine. De 1736 à 1739, il enseigne à Halle avant de rejoindre l’université d’Iéna. Défendant des thèses progressistes, Amo a eu maille à partir avec certains intellectuels protestants de l’époque (les piétistes). L’hostilité à l’égard de ses idées et de ses origines a sans doute motivé son retour au Ghana en 1747.

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Amo a souvent été cité en exemple par les abolitionnistes, comme l’abbé Grégoire, ou par les philosophes africains des années 1970-1980 afin de démontrer que la raison est le propre de tout homme, quelle que soit sa couleur de peau. Et il a inspiré Kwame Nkrumah, qui s’est référé à ses travaux dans son essai Consciencism (1964).

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* « Le philosophe connu pour sa peau noire : Anton Wilhelm Amo », Rue Descartes n° 36, PUF, 2002.

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