Emploi et formation : destination Tunis pour les élèves subsahariens

Alors que l’accès aux pays de l’Union européenne se durcit, la Tunisie est devenue une option prisée par les élèves subsahariens. Une aubaine pour les universités privées.

Publié le 13 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Emploi et formation : réseaux sociaux, coworking… tout sur les innovations
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Loin de leur image d’usine à chômeurs, les universités tunisiennes sont devenues des cibles privilégiées des étudiants du sud du Sahara, notamment d’Afrique de l’Ouest. Formations de haut niveau et coût de la vie abordable constituent un bon compromis, alors que l’accès aux pays de l’Union européenne est de plus en plus restreint. Un nouveau phénomène migratoire dont les établissements privés ne se plaindront pas : sur les 8 000 Subsahariens inscrits dans l’enseignement supérieur tunisien, seuls 1 000 le sont dans des universités publiques.

De fait, si dans les années 1970 la coopération scientifique bilatérale a intégré des étudiants africains aux différents cursus en théologie et civilisation islamique à l’université Ez-Zitouna, l’effort du secteur public s’est arrêté là. Depuis les années 2000, c’est le privé qui mise sur les étudiants étrangers, dont 80 % viennent du Gabon, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Congo et du Mali. Pour étoffer leurs effectifs, les établissements démarchent parfois les futurs étudiants jusque dans leur pays.

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Leurs atouts ? Un enseignement bilingue, des diplômes reconnus à l’international et des échanges avec des universités occidentales. Et la formule rencontre un succès certain : en cinq ans, les 25 établissements privés du pays, dont les frais d’inscription s’élèvent en moyenne à 3 500 euros, ont triplé leur capacité d’accueil. Ils proposent des formations jusqu’à la maîtrise. La moitié des étudiants subsahariens choisissent le droit, la gestion et l’économie ; 32,5 % optent pour les sciences appliquées et l’ingéniorat ; 6 % se tournent vers la comptabilité et l’informatique appliquée à la gestion. Et leur taux de réussite aux examens avoisine les 70 %.

Une alternative intéressante à l’Europe

À l’heure de la mondialisation des études, l’offre tunisienne se positionne stratégiquement, en proposant des filières qui n’existent pas dans les pays d’origine – comme le génie électrique – et en professionnalisant la formation pour une meilleure insertion. Elle constitue aussi une alternative intéressante à l’Europe, avec l’apparition de grandes écoles comme l’Institut Tunis-Dauphine, qui propose un double diplôme en partenariat avec l’université parisienne. « L’enseignement supérieur perd sa nationalité. Il devient principalement une industrie de services. La Tunisie a tous les atouts pour être une plateforme régionale de formation et de perfectionnement, surtout dans les domaines les plus demandés, à savoir le management et l’ingéniorat », assure Mahmoud Triki, fondateur de la Mediterranean School of Business.

La plupart des étudiants africains inscrits dans les universités privées sont boursiers d’État ou de la Banque islamique de développement : leurs frais d’études sont versés directement à l’établissement par leurs pays d’origine, qui leur octroie également un forfait mensuel d’environ 200 euros. En bout de course : le retour au pays avec un diplôme étranger reconnu, plus coté sur le marché de l’emploi, ou la possibilité de suivre une formation doctorante en Europe ou en Amérique du Nord. 

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Une difficile intégration

Pour tout nouvel arrivant subsaharien, l’Association des étudiants africains est un relais incontournable. Le réseau du bouche à oreille fonctionne bien pour les bons plans de colocation et les petits boulots. « On s’adapte, il n’est pas évident d’être loin du pays, alors la solidarité compte. On donne le change en se regroupant, mais ce n’est pas comme si nous avions choisi d’être ensemble », affirme Estelle, une étudiante gabonaise en gestion qui a du mal à s’adapter à une société fortement arabisée, dont les codes lui échappent et qu’elle perçoit comme fermée, un tantinet raciste. Difficile aussi de joindre les deux bouts. À l’image du Camerounais Anthony Mekoundé, beaucoup se lancent dans le commerce ethnique : ils vendent des produits tunisiens au pays et inondent les souks d’artisanat africain. F.D.

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