Universités : au Maghreb, une réforme LMD à tâtons

C’est un gage de mobilité et de meilleure lisibilité des diplômes à l’international. Le système licence-master-doctorat a fini par s’imposer dans les universités marocaines, tunisiennes et algériennes.

En Algérie, la nouvelle architecture est en vigueur depuis 2008. © Omar Sefouane pour J.A.

En Algérie, la nouvelle architecture est en vigueur depuis 2008. © Omar Sefouane pour J.A.

Publié le 4 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

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Un vent de réforme a soufflé sur les universités du Maghreb. En l’espace de quelques années, le Maroc, la Tunisie puis l’Algérie ont remplacé l’ancienne architecture de l’enseignement supérieur par le système LMD : licence (bac+3), master (bac+5), doctorat (bac+8).

Le premier à avoir franchi le pas est le Maroc. C’était en 2003. Dans ce pays, le passage au système LMD est le résultat d’un processus de négociations entre le département de l’Enseignement supérieur et le Syndicat national de l’enseignement supérieur. En 2009, il a été décidé de revoir certaines orientations via un « plan d’urgence ». Cette opération devrait permettre, dès cette année, de redéfinir l’organisation des universités ainsi que le développement de la recherche scientifique.

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En Tunisie, le système LMD a été instauré en 2005 par une décision de l’ex-président Ben Ali. « La mobilité a été le mot clé de la réforme du système universitaire dans le pays. En Tunisie, les étudiants ont plus de facilités pour changer d’établissement, puisque le mode d’organisation a été uniformisé. Par ailleurs, cette notion de mobilité leur permet de poursuivre leurs études dans des universités étrangères, notamment européennes », indique Hedi Negra, professeur de géologie à l’université de Tunis.

"L’option LMD était devenue une évidence"

Enfin, en Algérie, le processus a débuté en 2002, lorsque les pouvoirs publics ont entrepris une réforme du mode de gestion et de fonctionnement de l’université. Faible rendement, phénomène de déperdition, méthode d’évaluation pénalisante… Les failles du système antérieur ne permettaient plus de prendre en charge le million d’étudiants inscrits dans les établissements du supérieur. La phase d’expérimentation s’est achevée en janvier 2008 avec l’adoption de la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur. Le texte consacre officiellement l’architecture en trois cycles du système LMD et permet, de fait, sa généralisation dans l’ensemble des établissements d’études supérieures d’Algérie.

« Le passage vers un enseignement plus performant était urgent et l’option LMD était devenue une évidence. De nombreux pays avaient opté pour ce système et l’Algérie ne pouvait rester en marge du contexte régional et international », souligne le professeur Abdelhamid Djekoune, recteur de l’université Mentouri, à Constantine.

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Une réalité africaine

Le système LMD concerne aujourd’hui quasiment tout le continent. Dans le sillage du Maghreb, des pays subsahariens francophones se sont engagés sur cette voie. C’est le cas notamment des États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui ont décidé en 2007 de faire du système LMD le cadre de référence des diplômes délivrés par l’ensemble des établissements universitaires des huit pays membres. Ce nouveau canevas des études a également été adopté par les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). La généralisation de ce système est par ailleurs effective dans les universités d’Afrique du Sud et de Madagascar. T.H.

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De son côté, Brahim Boulegane, secrétaire général de l’Union nationale des étudiants algériens, reconnaît que le système LMD a conféré aux diplômes algériens une « meilleure lisibilité » à l’international. « Les étudiants algériens s’adaptent plus facilement dans les universités étrangères, note le responsable de l’organisation étudiante. Mais cet atout peut, à terme, avoir un effet négatif en aggravant la fuite des cerveaux à laquelle est confrontée l’Algérie depuis de nombreuses années. »

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