Just Riadh : « Les gens vont réaliser que je peux être comédien »

Devenu célèbre sur les réseaux sociaux, le Franco-Algérien interprète avec justesse Yazid Ichemrahen, un pâtissier star, dans « À la belle étoile », long-métrage de Sébastien Tulard sorti le 22 février.

A la belle étoile, Sébastien Tullard © Bac Films

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Publié le 22 février 2023 Lecture : 4 minutes.

Comment un enfant délaissé par sa mère devient-il champion du monde des desserts glacés ? Comment ce gamin à la limite de la délinquance se retrouve-t-il à préparer des desserts à la pointe de la sophistication dans un palace de Monaco ? L’incroyable parcours de Yazid Ichemrahen, Français d’origine marocaine né en 1991, a inspiré À la belle étoile de Sébastien Tulard. Et il inspirera les spectateurs.

L’intrigue se joue en deux temporalités différentes. Ballotté d’un foyer à une famille d’accueil, le jeune Yazid rêve de devenir pâtissier. Le Yazid adulte en fait une ambition : habitant à Épernay, dans la Marne, il se lève chaque jour aux aurores pour aller faire des stages à Paris, chez les grands chefs pâtissiers dont il accrochait les posters au mur de sa chambre. Quand, en rentrant, il manque le dernier train, il dort sur des bancs publics ou dans des halls d’immeuble.

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Son premier grand rôle au cinéma

Mais sa plus grande adversité, il la rencontre auprès de sa mère. Portée sur l’alcool, multipliant les relations bancales, elle n’hésite pas, par exemple, à lui lacérer ses baskets neuves pour soutirer une aide financière supplémentaire. Une démission parentale qui a des répercussions sur Yazid et le fait parfois flirter avec des stratégies inconscientes d’échec. Heureusement, en parallèle, il est tiré vers le haut par sa famille d’accueil, par un animateur du foyer qui croit en lui et par un camarade de cuisine qui deviendra un ami…

« L’important n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute », le mantra de Confucius pourrait être le message de ce film au rythme échevelé, qui fait vivre de multiples émotions, des larmes au sourire. Un large registre dans lequel on n’attendait pas forcément Riadh Belaïche, plus connu sous le pseudo Just Riadh. Le jeune franco-algérien né en 1998 dans la wilaya de Sidi Bel Abbes crève l’écran dans son premier grand rôle au cinéma. Jusque-là, la star des réseaux sociaux aux plusieurs millions d’abonnés, s’était illustrée dans le registre comique : « Les gens vont être surpris. Ils vont réaliser que je ne sais pas que faire des vidéos. Que je peux être comédien. »

Pour incarner Yazid Ichemrahen, il s’est donné à fond : « On m’a demandé si je voulais que quelqu’un fasse les scènes de pâtisserie à ma place, j’ai refusé. J’ai suivi une formation d’un mois, avec Yazid, pour qu’il me montre les gestes exacts à reproduire, afin que cela paraisse le plus réel possible à l’écran. Et sur le tournage, Yazid était aussi là pour être sûr que je ne me trompe pas. Je suis quand même être censé être un génie en pâtisserie ! » Une pression, mais une satisfaction à la clé : « Je jouais quelqu’un encore en vie, qui était juste à côté de moi. À la fin, il m’a dit qu’il était content du résultat, donc je suis soulagé. »

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« Ne jamais rien lâcher »

Le parcours de Riadh ne ressemble en rien à celui de Yazid Ichemrahen : « On a des vies complètement opposées. Lui a eu une enfance chaotique, il n’a pas eu de cadre familial, alors que moi, je suis très famille. Yazid n’a pas de relation avec sa mère, tandis que ma mère et moi sommes fusionnels. » Un rôle de composition, donc, mais un point commun : « La détermination. Le fait de ne jamais rien lâcher, de toujours croire en soi, même face à de grosses difficultés. »

Just Riadh dans « À la belle étoile », de Sébastien Tulard. © Bac Films

Just Riadh dans « À la belle étoile », de Sébastien Tulard. © Bac Films

Des obstacles, celui qui s’est donné pour nom Just Riadh en a connu avant de parvenir à décrocher ce rôle : « Quand j’ai commencé à faire des castings, j’ai trouvé qu’il y avait un snobisme du monde du cinéma vis-à-vis des personnalités d’internet. Nous, on fait des vidéos avec nos téléphones et des petites caméras. Eux réalisent de gros projets. J’espère que À la belle étoile va permettre de construire des ponts entre internet et le cinéma car nous sommes nombreux à former ce rêve de jouer dans un film. »

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Sa chance, Riadh est allé la chercher sans trop y croire : « J’étais le dernier à passer le casting, la production avait déjà auditionné près de 50 personnes. Je ne croyais pas que j’allais être pris, mais il s’est produit un déclic avec Sébastien Tulard, le réalisateur. » Il fallait toute l’audace de la boîte de production indépendante DACP (De l’autre côté du périph’) dirigée par l’active et militante Laurence Lascary, secondée par son directeur artistique Lahoucine Grimich, pour lui faire confiance. Les deux découvreurs de talents avaient déjà révélé Ahmed Sylla pour son premier rôle dans L’Ascension de Ludovic Bernard. Un titre prémonitoire pour la future carrière de Just Riadh, qui en un film profond et rafraîchissant s’est fait un nom, Riadh Belaïche.

À la belle étoile, de Sébastien Tulard, avec Riadh Belaïche, Loubna Abidar, Christine Citti… Sorti en France le 22 février

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