Niger : Niamey et l’après-Kadhafi
Le Niger abrite une trentaine de dignitaire du régime libyen déchu, que Tripoli lui reproche de ne pas extrader.
Combien de Nigériens émigrés en Libye sont rentrés au Niger depuis un an ? Quelque 250 000. Fini les transferts d’argent entre Tripoli et Niamey. Économiquement, le Niger est sans doute le pays africain le plus touché par la guerre de Libye. Qui plus est, faute de garanties pour leur sécurité, ces rapatriés n’osent plus repartir en Libye. Le 24 février, la Banque mondiale a prêté 7,5 milliards de F CFA (11,4 millions d’euros) au Niger pour soutenir les projets de réinsertion – agriculture, élevage, artisanat, commerce, etc. – en faveur de tous les rapatriés de Libye, mais aussi de Côte d’Ivoire et du Nigeria. Pas sûr que cela suffise. D’autant que ce retour massif coïncide avec une année agropastorale déficitaire.
Fugitifs. Le choc de la guerre de Libye est économique. Il est aussi politique. En septembre dernier, le Niger a vu arriver une trentaine de dignitaires du régime déchu. Parmi eux, l’un des fils du « Guide », Saadi Kadhafi – le footballeur raté du championnat d’Italie. Le 10 février, sur les ondes d’Al-Arabiya, celui-ci a appelé les Libyens à se soulever contre le Conseil national de transition (CNT). Dès le lendemain, à Tripoli, des hommes armés ont fait irruption dans l’ambassade du Niger et en ont expulsé le chargé d’affaires. Le CNT a exigé l’extradition du fugitif. Comme Niamey n’a pas obtempéré, le ton est monté.
Début mars, le numéro un libyen, Mustapha Abdeljalil, a déclaré : « Nos relations avec les pays africains dépendront de leur degré de coopération avec nous dans la traque des pro-Kadhafi. » Premiers visés : l’Algérie et le Niger. En fait, le CNT ne supporte pas que les rescapés du clan Kadhafi vivent chez ses voisins les plus proches.
Un transfert de Saadi dans un pays tiers pourrait-il calmer le jeu ? Peut-être. Mais cette mesure ne réglera pas tout du jour au lendemain. Depuis la chute de Kadhafi, le Niger et la Libye ne s’échangent plus d’ambassadeurs. L’un et l’autre se font représenter par un chargé d’affaires. Le 11 mars, à Tripoli, pour la conférence sous-régionale sur la sécurité des frontières, la plupart des pays sahéliens ont délégué leur ministre de l’Intérieur. Le Niger, lui, n’a envoyé que des militaires. Face aux terroristes et aux trafiquants, Tripoli et Niamey ont tout intérêt à se coordonner. Un jour, ils y viendront. Nécessairement.
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