Présidentielle égyptienne : Khairat el-Shater, de la prison au Palais ?

Le « barbu » multimillionnaire Khairat el-Shater est le candidat des Frères musulmans à l’élection présidentielle des 23 et 24 mai.

Khairat el-Shater, candidat des Frères musulmans à la présidentielle égyptienne. © Khaled Desouki/AFP

Khairat el-Shater, candidat des Frères musulmans à la présidentielle égyptienne. © Khaled Desouki/AFP

Publié le 12 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Les Frères musulmans le considèrent comme le futur « ingénieur de la renaissance égyptienne ». Le 31 mars, le conseil consultatif de la célèbre confrérie a élu (par 56 voix contre 52) Khairat el-Shater, 61 ans, pour la représenter lors du scrutin présidentiel dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai. Un second candidat "alternatif" a également été présenté, Mohamed Morsi, le président du Parti de la liberté et de la justice, mais el-Shater reste le principal cheval de bataille de la confrérie.

Ce père de dix enfants, à l’allure sévère, cultive le secret sur ses affaires florissantes. Fils d’un riche marchand de Mansoura (nord de l’Égypte), il possède plusieurs entreprises et franchises, notamment dans le domaine du textile et de l’ameublement. Mais s’il apparaît rarement dans les médias, il n’en est pas moins célèbre pour son activisme politique.

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Étudiant, il participe en 1968 à des manifestations contre Nasser, ce qui lui vaut deux années de captivité. En 1995, sous Moubarak, il écope de cinq ans de prison pour avoir tenté de reformer la confrérie des Frères musulmans, officiellement interdite depuis 1954. Il sera de nouveau condamné en 2007 à sept ans de prison pour « terrorisme et blanchiment d’argent ». Étonnamment, même sous les verrous, le multimillionnaire à la barbe aussi fournie que le portefeuille continue de recevoir ses collaborateurs et de gérer ses affaires. Jusqu’à sa libération, en mars 2011, pour raisons médicales.

Revers de manche

Il y a quelques semaines s’est posée la question de savoir si Shater pouvait représenter les Frères musulmans à la présidentielle, les candidats devant produire un casier judiciaire vierge. Un argument balayé d’un revers de manche par l’avocat de la confrérie, qui a fait valoir que celui qui adore se faire appeler « l’ingénieur » a été gracié par le Conseil suprême des forces armées.

Invité par l’Organisme légitime pour les droits et la réforme – un centre religieux qui se considère comme « une organisation scientifique, islamique, modérée et indépendante » -, Shater avait déclaré sans ambages que l’application de la charia était son but premier et ultime. Mais le businessman se dit par ailleurs favorable à une économie de marché et aux investissements étrangers. Ironie du sort, les deux fils Moubarak sont aujourd’hui maintenus en détention dans la prison où Khairat al-Shater a croupi durant de nombreuses années. Le candidat des Frères musulmans a un autre point commun avec la famille présidentielle déchue : il est né un 4 mai, le même jour que l’ancien raïs Hosni Moubarak.

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