Algérie : le RCD fait place aux jeunes

En refusant de se représenter à la tête du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi a signé l’action politique la plus marquante de ce début 2012 en Algérie.

Âgé de 41 ans, Mohcine Belabbass est un pure produit du parti. © Omar Sefouane/J.A.

Âgé de 41 ans, Mohcine Belabbass est un pure produit du parti. © Omar Sefouane/J.A.

Publié le 19 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Des élections pour changer l’Algérie ?
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Des élections pour changer l’Algérie ?

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C’est une page importante de la vie du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qu’a tournée, le 9 mars dernier, Saïd Sadi, à l’ouverture du quatrième congrès ordinaire de sa formation. « Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l’avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD. J’ai longuement réfléchi, je m’en suis ouvert aux membres de la direction. Il est temps que les compétences formées dans et par le parti s’expriment et s’accomplissent. » En prononçant ces mots, Sadi a jeté l’émoi parmi les 2 000 congressistes réunis sous la coupole du complexe sportif Mohamed-Boudiaf d’Alger. L’espace de quelques secondes, les militants n’ont pu concevoir un RCD sans le « toubib » – Sadi est psychiatre de formation – à sa tête. « Il va de soi que je resterai militant », a-t-il insisté pour rassurer l’assistance.

En fait, le départ du président et cofondateur du parti, à 65 ans, est loin d’être une décision purement organique. C’est même surtout un geste hautement symbolique, dans un pays où les leaders des partis restent accrochés à leur poste durant des décennies. Ce que Sadi n’a évidemment pas manqué de souligner : « Il y a autant de Saïd Sadi qu’il y a de militants. C’est parce que des générations ont étouffé d’autres générations que l’Algérie est aujourd’hui dans une impasse historique. »

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Mathématicien

La présidence du parti n’est restée vacante que quelques heures. Le 10 mars, les congressistes ont élu à l’unanimité Mohcine Belabbass en qualité de président. Âgé de 41 ans, père de deux enfants, Belabbass est un pur produit du RCD.

C’est à l’université de Bab-Ezzouar (à l’est d’Alger), où il a suivi des études de mathématiques, qu’il a rejoint les rangs du parti. Il avait alors tout juste 19 ans. En janvier 1996, le jeune homme a fait partie des initiateurs du Syndicat algérien des étudiants démocrates (SAED). Mais le SAED, dont l’objectif était de contrer les organisations estudiantines des partis conservateurs et islamistes, n’a pas obtenu l’agrément du ministère de l’Intérieur. À la veille des élections législatives de 1997, il est revenu à la charge en créant le Comité estudiantin pour la sauvegarde de la citoyenneté (CESC), lequel est monté au front en organisant des manifestations pour dénoncer la fraude électorale attribuée au Rassemblement national démocratique (RND), parti proche du pouvoir, créé quelques mois avant le scrutin.

Un symbole, là où les leaders des partis restent accrochés à leur poste pendant des décennies

Après plusieurs années de militantisme, Mohcine Belabbass est devenu membre de l’exécutif du RCD (secrétaire national à la jeunesse, puis à la communication). Élu député d’Alger en mai 2007, il a été nommé porte-parole du parti en 2010.

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Boycott actf maintenu

Il faut dire que Mohcine Belabbass a pris la direction du parti dans un contexte politique très particulier. Sa première mission a ainsi consisté à organiser le boycott actif des élections à venir. « La campagne pour le boycott des législatives du 10 mai prochain a débuté. Nous avons opté pour un travail de proximité, et nos militants sont déjà sur le terrain », explique-t-il. Le jeune président se dit déterminé à mettre en oeuvre les décisions entérinées quelques mois auparavant par l’ancienne direction.

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Mais il ne pourra pas compter longtemps sur l’« héritage des anciens ». Il est tenu d’innover s’il veut renforcer les capacités d’un parti qui a connu de nombreuses défections ces dernières années. Une situation que le mathématicien explique de façon plutôt philosophique : « À l’origine, les personnes qui ont quitté le parti n’étaient pas des militants du RCD. Ils ont milité au préalable au sein d’autres formations. Mais, voyez-vous, le RCD est comme un train qui s’arrête dans plusieurs gares. Des personnes en descendent, et d’autres y montent pour poursuivre le voyage. » Et Belabbass fait partie de ceux qui iront jusqu’au bout. 

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