Les bourses africaines veulent être des moteurs de croissance
La 17e assemblée annuelle des bourses africaines (Asea) a démarré le lundi 3 décembre à Abidjan. Intitulé « L’Afrique : des promesses aux réalisations », cet événement réunira pendant deux jours banquiers, experts financiers et représentants des principales places financières du continent.
Les bourses africaines veulent être des moteurs de croissance. C’est à Abidjan, en présence du Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, que s’est ouverte le 3 décembre la 17e assemblée annuelle des bourses africaines (Asea). Intitulé « L’Afrique : des promesses aux réalisations », cet événement réunira pendant deux jours les représentants des principales places financières du continent, de Tunis à Johannesburg, ainsi que de nombreux banquiers et experts financiers.
Potentiel
Lors de son allocution d’ouverture, le président de la Bourse régionale d’Abidjan (BRVM), Gabriel Fal, a souligné qu’en 15 ans, l’Afrique est devenue une terre d’opportunités, une nouvelle frontière avec une croissance moyenne de 5% depuis l’an 2000. « La finance n’est pas un objectif, mais un moyen au service du développement du continent », a-t-il rappelé.
Preuve du potentiel des marchés financiers africains, Gabriel Fal a indiqué que leur capitalisation globale était passée de 250 milliards de dollars en l’an 2000 à environ 1 300 milliards aujourd’hui. Bien sûr, avec de fortes disparités. Johannesburg concentre à elle seule près de 1000 milliards de dollars, contre 70 milliards pour Lagos et 13 milliards pour Abidjan. L’essor des places financières a notamment été alimenté par les programmes de privatisation. Valeur phare de la BRVM, l’opérateur télécom sénégalais Sonatel est dans ce domaine un exemple. Depuis son introduction en 1998, la valeur de son titre a progressé de 1 000 %, alors que dans le même temps l’entreprise distribuait chaque année environ 10% de sa valeur boursière sous forme de dividendes.
Confiance
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Les pays africains ont levé 8,1 milliards de dollars sur les marchés internationaux en 2013
Autre indication de la confiance qu’inspire désormais le continent, depuis le début de 2013, les États africains ont levé 8,1 milliards de dollars en obligations souveraines sur les marchés internationaux. Selon Moddy’s, ce chiffre était de 1,2 milliard il y a dix ans. Les pépites sont aussi à la corbeille, cherche maintenant à convaincre Gabriel Fal.
Pour le président de l’Asea, Sunil Benimadhu, également directeur général de la Bourse de Maurice, les places financières du continent peuvent devenir un moteur du développement à condition de mieux connecter leurs activités à celles des autres acteurs de la finance (banques, assureurs…), d’accroître le nombre d’entreprises cotées, environ 2 000 actuellement sur les 23 bourses membres de l’Asea et de montrer aux nouveaux entrants leurs capacités à créer de la valeur.
Une évolution qui doit se faire avec le soutien des gouvernements et des régulateurs a insisté Sunil Benimadhu, à l’image de ce qui a été réalisé à Singapour. Ainsi les bourses pourront in fine participer à la création d’emplois et de richesses pour les Africains.
Gouvernance
Mais de nombreux challenges demeurent, a rappelé Jean-Baptiste Aman, directeur national de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en Côte d’Ivoire, notamment en matière de gouvernance et de transparence au sein des entreprises. « Les États ont aussi leur part de travail à accomplir », a-t-il insisté, par exemple en facilitant les investissements étrangers, en encourageant ceux des migrants ou encore en réformant le droit des créanciers. Interrogé sur ce point en marge de la conférence, Gabriel Fal reste prudent quant aux réformes à attendre des gouvernements de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). « Travailler dans le cadre d’une bourse régionale rend les évolutions réglementaires beaucoup plus lentes », a-t-il expliqué.
De son côté, le Premier ministre ivoirien a néanmoins indiqué vouloir dynamiser la bourse d’Abidjan, notamment grâce à la privatisation d’une quinzaine d’entreprises actuellement à l’étude. « Dans un contexte de réduction de l’aide publique au développement en provenance des bailleurs internationaux, les marchés financiers ont pris une nouvelle importance », a-t-il conclu, en particulier pour le financement des grands projets d’infrastructures dont la région a besoin pour renforcer son intégration économique.
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