Algérie : vague verte ou tsunami islamiste ?

La tendance dans les pays voisins laisse présager une alternance en faveur des mouvements religieux en Algérie. Réponse lors des législatives du 10 mai.

Fatah Rebaï (Ennahda), Bouguerra Soltani (MSP) et Hamlaoui Akkouchi (El-Islah). © Farouk Batiche/AFP

Fatah Rebaï (Ennahda), Bouguerra Soltani (MSP) et Hamlaoui Akkouchi (El-Islah). © Farouk Batiche/AFP

Publié le 18 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Le propos est sans ambiguïté. « Si le prochain scrutin est épargné par la fraude, notre victoire ne fait aucun doute. » Abderrezak Mokri, 52 ans, vice-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas, obédience des Frères musulmans) est convaincu que le courant islamiste, « privé de sa victoire lors de la présidentielle de 1995 et des législatives de 1997 », remportera la mise le 10 mai. Pour étayer ses certitudes, l’étoile montante de l’islamisme à l’algérienne ne se repose pas sur la dynamique engendrée par les triomphes électoraux du fondamentalisme dans les pays de la sous-région , mais sur ce qu’il considère comme « une réalité nationale » : « Nous sommes proches des citoyens et nous avons perçu chez la majorité d’entre eux le sentiment qu’il est temps de donner l’opportunité aux islamistes d’accéder aux affaires. »

Flirt avec le pouvoir

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Pour conforter cette tendance, les Frères musulmans ont choisi une stratégie unitaire. Ils se sont rapprochés de deux petites formations islamistes présentes dans la législature sortante, Ennahda et El-Islah, pour constituer l’Alliance de l’Algérie verte. Les trois partis présenteront un programme unique et des listes communes.

Si le MSP a longtemps flirté avec le pouvoir (il a fait partie des gouvernements successifs de ces quinze dernières années), ses deux nouveaux partenaires se sont, de tout temps, inscrits dans l’opposition. Cela n’a pas constitué un gros handicap pour Bouguerra Soltani, président du MSP, qui a expliqué l’association de son parti avec la mouvance nationaliste qu’incarnent le Front de libération nationale (FLN, d’Abdelaziz Belkhadem, majoritaire) et le Rassemblement national démocratique (RND, du Premier ministre Ahmed Ouyahia) par la délicatesse de la conjoncture, faite d’insurrection armée et de situation économique délicate.

Outre l’alliance entre le MSP, Ennahda et El-Islah, une quinzaine de nouveaux partis s’inscrivent dans la mouvance fondamentaliste.

Ses deux interlocuteurs, Fatah Rebaï, président d’Ennahda, et Hamlaoui Akkouchi, leader d’El-Islah, ont été séduits d’une part par l’opportunité d’obtenir la majorité au sein d’une Assemblée populaire nationale appelée à adopter une nouvelle Constitution, et d’autre part par l’occasion de se débarrasser des habits d’opposants qu’ils portent depuis la création de leur parti.

La solution

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L’Alliance verte ne constitue pas la seule « offre islamiste » pour les électeurs. Une bonne moitié de la trentaine de partis nouvellement agréés ne cachent pas leur sympathie pour le slogan « L’islam est la solution ».

Parmi eux, le Front pour la justice et le développement (FJD), que préside Abdallah Djaballah, candidat malheureux aux présidentielles de 1995 et 2004. Fondateur d’Ennahda puis d’El-Islah, deux formations dont il a été limogé par des « mouvements de redressement », Djaballah est aujourd’hui à la tête du parti récemment agréé qui a le plus impressionné par son organisation et ses capacités de mobilisation. Son congrès constitutif, organisé en février dernier à la coupole Mohamed-Boudiaf, sur les hauteurs d’Alger, fut imposant (5 000 participants, des personnalités nationales et étrangères invitées et un discours corrosif à l’égard du pouvoir, Frères musulmans compris). Djaballah est le seul leader d’un parti islamiste à briguer la députation. Il est tête de liste du FJD à Alger.

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Reste les résidus du Front islamique du salut (FIS), dissous par la justice il y a tout juste vingt ans, en mars 1992, pour sa responsabilité dans la tragédie nationale. Si ses cadres sont inéligibles, selon les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, son électorat fait l’objet de moult opérations de séduction. De son exil qatari, le vieux leader du FIS Abbassi Madani a appelé au boycott du scrutin, un appel aussitôt condamné par les chefs de l’Armée islamique du salut (AIS, branche militaire du FIS ayant déposé les armes en janvier 2000), qui jugent que l’abstention sert surtout le pouvoir et obère la victoire annoncée des islamistes

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