Au Bénin, les « Guépards » plus clivants que les « Écureuils » ?
Un arrêté du ministre béninois des Sports confirme le changement de nom des sélections sportives nationales, à compter du 17 février.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 février 2023 Lecture : 2 minutes.
Il y a un demi-siècle, l’équipe nationale de football du Bénin était baptisée « les Écureuils » par le premier président de l’histoire de la Fédération, en poste de 1970 à 1973. Convaincu par l’agilité du rongeur qui atteint le plus vite la cime des arbres, Norbert Imbs ne verra malheureusement pas les footballeurs de son pays se hisser, en 2019, en quart de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Son décès, en 2010, lui épargnera cependant la vue d’un monde footballistique de plus en tendu, entre les pressions nationalistes des ultras et la marchandisation du sport. Une évolution qui amènera certains Béninois à se dire complexés par ce nom d’écureuil, animal certes sympathique mais peu intimidant.
Des Guépards et des Amazones
Après quelques mois de réflexion, le changement de nom est officiel. Pour « viriliser » l’image des athlètes nationaux par un nom vanté comme « plus accrocheur », le ministre des Sports publie un arrêté officiel désignant, à compter de ce 17 février, et en abrogation de toutes les dispositions antérieures contraires, les équipes nationales sportives masculines comme « les Guépards du Bénin ». Et Oswald Homeky d’ajouter, dans la lignée de l’érection de la statue cotonoise de 30 mètres de haut et dans la foulée du succès du long-métrage américain The Woman King, que les équipes nationales sportives féminines seront désormais les « Amazones du Bénin », du nom des guerrières historiques du royaume du Danxomè.
Le directeur du sport d’élite est désigné responsable de la mise en application de cet arrêté, en collaboration avec le Comité national olympique et sportif béninois et toutes les fédérations sportives nationales.
Décision gadget ? Le journaliste sportif Joël Adjadohoun rappelle qu’en quart de finale de la dernière Coupe du monde, un coq – français – a battu un lion – anglais…
Si le gouvernement souligne que « les noms choisis pour les équipes nationales sportives reflètent […] les caractéristiques des athlètes qui représentent le pays », les champions béninois vont-ils, par la simple magie du baptême, atteindre les pointes de vitesse du plus léger des grands félins, entre 80 et 130 km/h ? Les observateurs avisés du sport rappellent que seuls les efforts et la stratégie permettent d’améliorer les performances. Et nombre de journalistes sportifs d’appeler à une optimisation des méthodes de travail, notamment à l’occasion du remplacement du sélectionneur français Michel Dussuyer par le technicien franco-allemand Gernot Rohr, ancien entraîneur du Gabon, du Nigeria, du Burkina Faso et du Niger.
Sur les réseaux sociaux, les plus nostalgiques des Écureuils ne désespèrent pas de voir la roue de l’Histoire tourner à nouveau. Entre 1972 et 1991, le régime de Mathieu Kérékou avait déjà débaptisé les rongeurs, avant que « L’Étoile rouge du Bénin » fasse long feu, à l’issue de la conférence nationale.
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