Russie : la présentatrice Ksenia dit adieu aux paillettes

Présentatrice télé à succès et fille d’Anatoli Sobtchak, le défunt mentor du président russe Vladimir Poutine, la belle Ksenia Sobtchak s’est choisi un nouveau rôle : porte-étendard de la contestation.

Ksenia Sobtchak, la Paris Hilton russe. © Denis sinyakov/Reuters

Ksenia Sobtchak, la Paris Hilton russe. © Denis sinyakov/Reuters

Publié le 7 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Il est loin le temps où elle flirtait avec les milliardaires, posait à demi nue pour Playboy et affichait un souverain mépris pour ses compatriotes moins bien lotis. Ex-party girl choyée par la Russie de Poutine et auteure de deux livres aux titres effrontément empruntés, l’un (La Philosophie dans le boudoir) au marquis de Sade, l’autre (Comment épouser un millionnaire) à un film avec Marilyn Monroe, Ksenia Sobtchak s’improvise porte-étendard de la contestation.

Pour s’acheter une crédibilité, elle a troqué ses robes pailletées contre d’épaisses lunettes noires qui lui donnent de faux airs d’intellectuelle. Lors de la présidentielle du 4 mars, elle a dénoncé avec vigueur pour le compte du blogueur Alexeï Navalny, la bête noire du Kremlin, les fraudes perpétrées dans un bureau de vote de Moscou.

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Au mois de décembre précédent, lors d’une grande manifestation contre les irrégularités auxquelles les législatives avaient donné lieu, elle avait fustigé sur scène la « démocratie dirigée », sous les huées et sifflets d’opposants au régime incrédules. Que diable cette star de la téléréalité – certains la surnomment la Paris Hilton russe – venait-elle faire parmi eux ? Un scepticisme largement partagé dans les cercles dirigeants pétersbourgeois, où ses nouveaux choix sont perçus comme une trahison envers Vladimir Poutine.

Filleule du Tsar

Il faut dire que Ksenia est la fille d’Anatoli Sobtchak, le mentor politique du président – et la filleule de ce dernier ! En 1990, après son élection à la mairie de Saint-Pétersbourg, son père avait offert un poste d’adjoint à l’ex-agent du KGB à la dérive après la débandade des services secrets soviétiques. Par la suite, arrivé aux portes du pouvoir, Poutine refusa de lâcher Sobtchak, tombé en disgrâce à la suite d’accusations de corruption. « Il a beau m’être sympathique en tant qu’être humain, je ne l’aime pas en tant qu’homme politique, a expliqué Ksenia au journal d’opposition The New Times. Depuis l’époque soviétique, les responsables changent, mais la corruption et la bureaucratie restent solidement ancrées. »

Les leaders de l’opposition n’auraient pu rêver plus improbable porte-parole. Grâce à elle, ils vont sans doute pouvoir toucher un plus large public. D’ailleurs, elle les reçoit régulièrement dans son nouveau talk-show politique sur la chaîne musicale MTV. Également très présente sur la Toile, elle y poste des vidéos (réussies) parodiant celles du Kremlin. Consciente qu’elle s’expose à des représailles, la starlette assure qu’elle émigrera si les autorités continuent de résister à la libéralisation.

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