Maigre bilan pour la Cemac

Air Cemac, passeport unique, fusion des Bourses… La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale semble avoir fait sienne la fameuse devise « Il est urgent de ne rien faire ».

Les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. © Rafaël Ricoy

Les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. © Rafaël Ricoy

Publié le 10 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Douala, Yaoundé, Libreville… Empêché, depuis le 23 mars, de rejoindre son bureau au siège de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), à Bangui, Antoine Ntsimi est un président nomade. Et c’est entre le Cameroun, son pays d’origine, et le Gabon qu’il s’est replié depuis que François Bozizé, le chef de l’État centrafricain, lui a interdit de poser le pied à Bangui.

En fonction depuis mai 2007 et candidat à sa propre succession, Antoine Ntsimi achève donc son mandat de cinq ans dans la confusion. Joint par Jeune Afrique, il a refusé de « commenter des décisions de chefs d’État ». Dans son entourage, on indique que « l’institution est dans l’impasse » et que « c’est une crise gravissime ».

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La Cemac n’avait pas besoin de cela. Les grands chantiers annoncés lors du sommet des chefs d’État à Bangui en janvier 2010 n’ont guère avancé. La compagnie régionale Air Cemac devait décoller avant l’été 2010, avec l’appui technique de South African Airways (SAA). Depuis ? Des artisans s’affairent à l’aménagement intérieur du siège d’Air Cemac, à Brazzaville, mais toujours pas d’avions en vue. Le 19 février dernier, les six États de l’organisation régionale et SAA ont même officialisé, via un communiqué, leur rupture : le géant sud-africain souhaitait en effet qu’Air Cemac s’installe à Douala, où le trafic aérien est plus dense. Le choix de Brazzaville, en 2010, l’a braqué et il a jeté l’éponge. « Une solution alternative [à SAA] est en négociation », affirme Jean-Marie Maguena, le vice-président de la Cemac en charge du dossier.

Dans l’entourage du président, on reconnaît volontiers que la crise est gravissime.

Autre projet vieux de dix ans : le passeport unique. Il devait être progressivement adopté à partir du 1er avril 2010. Mais ce n’est qu’en juillet 2011 que les derniers détails ont été arrêtés (armoiries, codes couleurs, passeports diplomatiques…), et des spécimens seraient prêts au Cameroun, au Gabon et en Guinée équatoriale uniquement.

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Cale sèche aussi pour le rapprochement des Bourses de Libreville et de Douala, qui devait être effectif début 2011… Pour faire avancer le dossier, l’arbitrage de la Banque africaine de développement (BAD), qui a déjà débloqué 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros), a été requis. Enfin, le programme « Cemac 2025 : vers une économie régionale intégrée et émergente », présenté à Bangui, peine à… émerger. Ce n’est que dans deux mois que sera organisée sous la houlette de la Banque mondiale une table ronde avec les bailleurs de fonds pour trouver les 20 000 milliards de F CFA à mobiliser d’ici à 2025. 

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