Racisme : après la mort de Trayvon Martin, l’Amérique indignée

Plus de un mois après la mort de Trayvon Martin, un adolescent noir de 17 ans, son meurtrier n’est toujours pas arrêté. Sit-in, intervention du président américain Obama… L’affaire prend une ampleur nationale.

Des manifestants réclament justice pour Martin Trayvon, à New York, le 21 mars. © Andrew Burton/AFP

Des manifestants réclament justice pour Martin Trayvon, à New York, le 21 mars. © Andrew Burton/AFP

Publié le 6 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Il n’avait sur lui que des M&Ms et une bouteille de thé glacé. Il était si fluet que ses copains l’appelaient Slim (« mince », en anglais). Trayvon Martin, un adolescent noir de 17 ans, a été tué à bout portant par George Zimmerman, 28 ans, vigile blanc et hispanique, à Sanford, petite ville de Floride. Cette mort survenue le 26 février soulève une telle vague d’indignation que Barack Obama lui-même s’est exprimé sur le drame : « Si j’avais eu un fils, il aurait ressemblé à Trayvon Martin. »

Ces mots émouvants – l’une des très rares allusions d’Obama à sa qualité d’Africain-Américain – ont choqué certains républicains. Comme le candidat Newt Gingrich, qui a accusé le locataire de la Maison Blanche de diviser les Américains en soulignant la dimension raciale de ce drame. Pour la famille de Trayvon, cette dimension est incontestable. Pourquoi Zimmerman, vigile bénévole de son lotissement, a-t-il alerté la police sur le comportement suspect de l’adolescent alors que ce dernier rentrait tranquillement au domicile de sa petite amie après quelques emplettes ? Parce qu’il était the usual suspect – jeune, noir et coiffé d’une capuche -, s’écrie la communauté noire. Scandalisée que Zimmerman n’ait pas été arrêté en vertu d’une loi de Floride renforçant la présomption de légitime défense, elle a organisé des sit-in monstres à Washington, Baltimore, Atlanta ou New York, avec le soutien de personnalités noires comme les révérends Al Sharpton et Jesse Jackson, ou le basketteur vedette LeBron James.

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Le chef de la police de Sanford, un Blanc, a depuis été remplacé par un Noir. Et la pression s’accroît sur les autorités locales pour arrêter Zimmerman, qui, en plus d’avoir un casier judiciaire, n’était pas censé détenir une arme dans le cadre de ses fonctions. Ce dernier prétend avoir été agressé par le jeune homme. Une version que semble démentir une vidéo de surveillance, diffusée le 29 mars par la chaîne ABC News, sur laquelle Zimmerman, amené au commissariat après les faits, ne présente aucune blessure apparente. De son côté, son avocat cherche à ternir la réputation de Trayvon. De la marijuana aurait été retrouvée dans le sac de l’adolescent, qui n’était par ailleurs pas très assidu à l’école. Une bataille judiciaire sous haute tension a commencé. Avec, en toile de fond, l’éternel procès d’une Amérique raciste.

Pas armé

L’affaire Trayvon Martin ne constitue hélas pas une exception. En 2006, Sean Bell, un jeune Noir new-yorkais, avait été tué par des policiers en civil le jour de son mariage. Cette année, début février, toujours à New York, un autre Noir, Ramarley Graham, 18 ans, est tombé sous les balles de policiers alors qu’il rentrait chez lui dans le Bronx. Il n’était pas armé.

Le drame du 26 février est celui de trop pour une poignée de parlementaires noirs et latinos de l’État de New York, qui ont décidé de présenter un projet de loi – encore loin d’être adopté, en raison de l’opposition de leurs collègues blancs – qui mettrait un terme au harcèlement policier dont les jeunes New-Yorkais noirs et latinos sont si souvent victimes. Ces derniers représentent 90 % des individus contrôlés par la police de la ville et sont donc les plus exposés à d’éventuelles bavures. 

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