Julius Berger, le géant nigérian qui bouscule les infrastructures
Achèvement du deuxième pont sur le Niger, projets d’infrastructures tous azimuts et diversification vers l’agribusiness, le groupe Julius Berger Nigeria – 12e de notre classement sectoriel – étend ses tentacules pour mieux résister aux crises.
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500 CHAMPIONS AFRICAINS – C’est l’un des rares héritages infrastructurels qu’aura réussi à léguer l’administration Buhari : le second pont sur le Niger à Onitsha (État d’Anambra). L’ouvrage de 1,6 kilomètres de long, déjà ouvert à la circulation en décembre dernier, relie la partie sud-est du pays à trois autres régions : le Sud-Ouest, le Centre-Nord et le « Sud-Sud ».
Il vient doubler le seul pont construit en 1965 et perpétuellement congestionné. Le projet comprend également une autoroute de 10,3 kilomètres, un échangeur et un péage, le tout devant être officiellement achevé en mai prochain.
Dans les cartons depuis 1979, cette infrastructure revêt une importance capitale pour le Sud-Est, région manufacturière clé, qui accueille 65 % des conteneurs importés du pays. Promis successivement par à peu près chaque président depuis quarante ans, c’est finalement Muhammadu Buhari qui pourra s’en targuer… Jusqu’à lui donner bientôt son nom ? Cette promesse tenue en porte un autre, moins connu, celui de Julius Berger Nigeria.
Spirale récessionniste
Cette filiale d’une compagnie de construction allemande a la particularité de concentrer aujourd’hui l’essentiel de l’activité du groupe et la majorité de ses revenus. En 2020, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 242 milliards de nairas (497 millions d’euros), dont 237 milliards pour le seul Nigeria.
Parmi ses autres réalisations en cours, on compte d’ailleurs le projet de route Abuja-Kano, une double voie de près de 376 kilomètres qui doit relier le territoire de la capitale fédérale à Kano en passant par Kaduna (soit une partie de l’autoroute transafricaine Lagos-Alger), ainsi que la route Bodo-Bonny de 38 kilomètres (qui compte 17 ponts) qui reliera l’île de Bonny, l’une des principales bases pétrolières et gazières du Nigeria, au reste de l’État de Rivers et du pays.
Mais le chemin pour en arriver là fut loin d’un long fleuve tranquille pour Julius Berer, particulièrement ces dernières années. Parallèlement à la spirale récessionniste dans laquelle s’est enfoncée la plus grande économie d’Afrique depuis 2016, la contribution du secteur de la construction au PIB nigérian a chuté à partir de 2015. Frappée par la disparition de ses principales sources de capitaux – dépenses publiques et investissements directs étrangers – et à des coûts administratifs élevés, la compagnie affichait alors des comptes dans le rouge : 7,8 millions d’euros de perte en 2016.
Et alors qu’elle commençait doucement à se redresser à partir de 2019, la pandémie de Covid et la baisse des prix du pétrole sont venues la replonger dans la tourmente : baisse du chiffre d’affaires de 266 milliards à 242 milliards nairas entre 2019 et 2020, et du bénéfice après impôt de 10,3 à 1,4 milliard de nairas.
Perspectives réjouissantes
Mais le groupe semble bien avoir mangé son pain noir, comme en témoigne le versement de son dividende le plus élevé en cinq ans en 2021, soit 250 000 nairas (513 euros) par action. Les résultats récemment publiés de 2022, pas encore audités, confirment une rentabilité retrouvée.
La société a augmenté son chiffre d’affaires de 23 % par rapport à 2021 à 440 milliards de nairas et son bénéfice après impôt de 11,7 %, à 9,45 milliards de nairas, selon Nairametrics. Des chiffres qui, ajoutés au carnet de commandes de Julius Berger, illuminent les perspectives pour 2023.
Parallèlement, le groupe, vacciné par les crises successives, s’est mis en tête de se diversifier pour ne plus compter sur le seul secteur de la construction, massivement dépendant des dépenses publiques. Déjà, en 2017, l’entreprise s’était aventurée dans le secteur du pétrole et du gaz en acquérant une participation de 20 % dans Petralon Energy Limited. Et, en septembre de l’année dernière, une nouvelle étape a été franchie avec la construction d’une usine de transformation de noix de cajou à Lagos, Mighty Kashoo.
Une aventure agro-industrielle qui en a surpris plus d’un. Lors de la mise en service de l’usine, le président du conseil d’administration, Mutiu Sunmonu s’est justifié en dévoilant encore un peu plus ses ambitions : « Nous avons maintenant diversifié stratégiquement Julius Berger et ne sommes plus seulement une entité d’ingénierie et de construction. Notre objectif est de continuer à travailler pour nous transformer en conglomérat. » Avec des ambitions au-delà du seul Nigeria ?
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