Tchad : Soubyanna Music, en concert tous les week-ends
Il s’est donné le surnom d’Anges incontournables du Tchad. Depuis dix ans, le groupe Soubyanna Music fait vibrer N’Djamena.
Tchad : après la tempête, s’ouvrir au monde
S’ils chantaient en lingala, on dirait, à écouter leurs rythmes entraînants, qu’ils sont nés sur l’une ou l’autre rive du Congo. Pourtant, les membres de Soubyanna Music sont bien Tchadiens. Leur proximité avec la musique congolaise a une histoire. Dans les années 1960, les quelques précurseurs qui se lancent dans la recherche d’une expression musicale nationale prennent pour modèle ce qui se fait à Kinshasa et Brazzaville. Pour les aider à s’améliorer, le président Ngarta Tombalbaye les envoie en stage en RDC auprès de sommités comme Tabu Ley et Franco.
Cet héritage, Caman Seïd, chanteur, guitariste et directeur artistique du groupe, l’assume, tout en cherchant à le dépasser. « Notre musique est un mélange, précise-t-il. Un mélange de rythmes du terroir comme le saï, le dala et le gourouna, auxquels s’ajoutent la rumba et le soukouss congolais. Mais c’est plus tchadien que congolais, et légèrement différent de ce qu’ont fait nos aînés du Chari Jazz. »
Débrouille
Formé en août 2002, Soubyanna gagne un concours en 2003 et est alors désigné pour représenter le Tchad à l’Afrivision, à Cotonou. « Nous nous sommes débrouillés par nos propres moyens pour faire le voyage, par la route », se souvient Caman Seïd. Au bout du parcours, une honorable sixième place. En 2005, le groupe est invité au Festival panafricain de musique (Fespam) de Brazzaville. Il en profite pour y enregistrer son premier album, Éternel. Le deuxième, Se souvenir, sort en 2008, à l’occasion d’un voyage en France. Le troisième est en préparation.
Manque de soutien des autorités, rareté des producteurs et éditeurs, droits d’auteur inexistants, piratage… Les problèmes sont nombreux et les cachets insuffisants pour faire vivre la dizaine de membres du groupe. Caman Seïd, lui, enseigne la physique dans un lycée. Mais Soubyanna s’en sort malgré tout plutôt bien, grâce à son espace culturel de Moursal (un quartier du sud de N’Djamena), qui peut accueillir jusqu’à 1 000 personnes. Il s’y produit tous les samedis et dimanches et y accueille d’autres groupes. « À la fin de chaque concert, tous nos musiciens reçoivent un cachet », précise Caman Seïd.
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