Tchad : un potentiel bancaire XXL

Très concurrentiel, le marché bancaire tchadien a triplé de volume en six ans et regorge encore d’opportunités susceptibles d’attirer de nouveaux établissements. D’autant que la clientèle dès particuliers reste à conquérir.

Le groupe panafricain Ecobank caracole en tête du secteur. © Vincent Fournier/J.A.

Le groupe panafricain Ecobank caracole en tête du secteur. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 10 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Tchad : après la tempête, s’ouvrir au monde
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Tchad : après la tempête, s’ouvrir au monde

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Annus horribilis. C’est ce qu’a été 2011 pour la Banque commerciale du Chari (BCC). Numéro deux du Tchad par le total des dépôts fin 2010, l’établissement a brutalement dégringolé sur l’échiquier bancaire local, passant en quelques mois au cinquième rang. « Les clients ont eu peur et ils sont nombreux à avoir fermé leurs comptes, car ils pensaient que nous étions la banque de Kadhafi », explique Souraya Djaranabi, directrice de la communication de la BCC.

Détenue à parité par Tripoli (via la Libyan Arab Foreign Bank) et N’Djamena, l’ex-Banque Tchad-arabe libyenne, devenue BCC en 1995, a payé le prix fort de la situation en Libye. Fin 2011, plus d’un tiers des sommes déposées auprès de la banque avaient été retirées. « Depuis, cela s’est calmé et les clients sont revenus », assure Souraya Djaranabi. La Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC-Tchad), liée à la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) basée à Tripoli, a également souffert.

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Sur un marché bancaire qui a triplé en volume depuis 2005 et a crû de 7 % en 2011, il est crucial de ne pas perdre de temps, car les positions entre concurrents changent vite. « C’est clairement le marché le plus concurrentiel de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, NDLR], assure Loukoumanou Waidi, directeur général d’Orabank Tchad. Alors qu’au Gabon une seule banque tient 40 % du marché et qu’au Cameroun trois établissements s’en partagent 75 %, ici, cinq banques sont proches en termes de poids et, vu la taille du marché, un seul crédit de 3 milliards ou 5 milliards de F CFA [4,5 millions ou 7,6 millions d’euros] peut tout faire changer. »photos/005042012191552000000L.jpg" rel="noopener noreferrer">

Avec un taux de bancarisation qui plafonne à 5 %, le potentiel de développement semble immense. Les candidats à l’implantation sont d’ailleurs nombreux. En témoigne le succès de l’appel d’offres lancé par l’État tchadien pour la cession de la majorité du capital de Commercial Bank Tchad (CBT), un établissement en difficulté, auparavant propriété de l’homme d’affaires camerounais Yves-Michel Fotso. « À la suite des efforts de restructuration, nous avons doublé de taille, et douze groupes bancaires africains et internationaux ont manifesté leur intérêt dans le cadre de l’appel d’offres en cours », se réjouit Bertrand Tognia, secrétaire général de CBT

Intêrets pour le Tchad

Difficile de savoir exactement qui sont ces candidats, mais une chose est sûre : certaines banques venues de pays voisins, comme le camerounais Afriland First Group, regardent le Tchad avec intérêt. Les succès du groupe panafricain Ecobank ou du nigérian United Bank for Africa (UBA), entrés sur le marché ces dernières années, sont des exemples encourageants. Ecobank, qui a repris en 2006 une banque historique, la Banque internationale pour l’Afrique au Tchad (BIA-Tchad), a dépassé le français Société générale et caracole désormais en tête du secteur, avec une part de marché de 26 % sur les dépôts. Tandis que UBA s’est vite fait une place, captant 6 % des dépôts en seulement trois ans.

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Reste à trouver des relais de croissance… En dehors des ONG, « les principaux clients sont l’État et les grandes entreprises, soit peut-être, au final, une dizaine de multinationales », souligne Loukoumanou Waidi. La conquête des particuliers est loin d’avoir commencé. « L’État a la volonté de bancariser l’ensemble des fonctionnaires, poursuit le directeur général d’Orabank Tchad. Mais cela peine à se traduire dans la réalité, car il n’y a pas d’agences partout. De plus, lorsque les virements des salaires sont effectués, les fonctionnaires retirent souvent tout en une seule fois… »

De fait, le pays ne compte qu’une quarantaine d’agences, soit « un ratio de plus de 250 000 habitants par agence, contre 74 000 en zone Cemac », précise Mawata Wakag-Gomon, secrétaire général de l’Association professionnelle des établissements de crédit (Apec Tchad). Les problèmes de sécurité et la taille du pays, notamment, expliquent la frilosité des banques en dehors des grandes villes. Mais la donne pourrait vite changer avec l’arrivée d’acteurs bancaires plus agressifs sur les nouveaux créneaux comme les prêts aux particuliers ou le mobile banking. 

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