Tchad : réconciliation autour du gazole

La raffinerie de Djermaya, inaugurée en 2011, a brièvement fermé en janvier. En cause : un désaccord entre l’État tchadien et le chinois CNPC quant au prix des carburants sur le marché domestique. Ce différend réglé, les partenaires songent à exporter.

La raffinerie de Djermaya a été fermée à plusieurs reprises. © AFP

La raffinerie de Djermaya a été fermée à plusieurs reprises. © AFP

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 27 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Tchad : après la tempête, s’ouvrir au monde
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Tchad : après la tempête, s’ouvrir au monde

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Depuis fin janvier, les turbines de la raffinerie de Djermaya (à 40 km au nord de N’Djamena) tournent de nouveau et les Tchadiens peuvent s’approvisionner en carburant (surtout en gazole) sans difficultés. Les quelque 14 000 barils par jour (sur une capacité de 20 000 b/j) qui sortent de ce site couvrent largement les besoins du pays. Une partie de la production commence même à être exportée vers les pays voisins. China National Petroleum Corporation (CNPC) et l’État, qui détiennent respectivement 60 % et 40 % de la Société de raffinage de N’Djamena (SRN), sont convenus, début février, de faire en sorte que la production destinée au Tchad soit continuellement assurée.

À couteaux tirés

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Quelques semaines plus tôt, les deux partenaires étaient à couteaux tirés. La raison de leur différend : les prix des produits raffinés. Alors que le gouvernement, qui parle de « pétrole social », souhaite appliquer des tarifs subventionnés et accessibles à la majorité des Tchadiens, son partenaire chinois ne l’entend pas de cette oreille. CNPC, l’opérateur de la SRN, veut vendre le carburant au prix du marché. Seule condition, d’après la compagnie, pour amortir dans des délais raisonnables les 450 millions d’euros qu’elle a investis dans le complexe. Fin août 2011, soit à peine trois mois après sa mise en service, les pertes de la SRN étaient évaluées par les Chinois à 3,3 millions d’euros.

Un déficit qui a créé une tension entre les deux partenaires. De fait, la raffinerie a été fermée à plusieurs reprises. Excédées, les autorités du pays, qui estiment avoir déjà accordé de nombreuses concessions au groupe chinois, ont, le 19 janvier, décidé d’arrêter les activités de la SRN et de renégocier les termes du partenariat. Dans la foulée, le ministre du Plan, de l’Économie et de la Coopération internationale, Mahamat Ali Abdallah, et celui de l’Énergie et du Pétrole, Eugène Tabé, ont été limogés pour avoir mal négocié avec CNPC. Le directeur général chinois de la raffinerie a, lui, été prié de quitter le territoire tchadien. Quelques jours plus tard, le gouvernement, satisfait d’avoir marqué le coup, a autorisé la réouverture du complexe.

Après discussions, les deux parties se sont entendues sur « onze points d’accord », affirme Mahamat Allahou Taher, ministre du Commerce et de l’Industrie. Tchadiens et Chinois se sont engagés à mettre un terme aux fermetures intempestives de la raffinerie, à trouver ensemble des voies d’exportation de l’excédent de la production vers les pays voisins, à constituer un stock de sécurité pour le marché intérieur et, surtout, à équilibrer le rapport des forces dans la gestion de la SRN. La direction générale revient ainsi à un Chinois, qui sera secondé par un directeur général adjoint tchadien.

Baisse de régime

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Producteur de brut depuis 2003, le Tchad entend tirer le plus grand profit de son pétrole. D’autant que la quantité d’or noir extraite de son sous-sol est en baisse. Elle a atteint son plus haut niveau en 2005 – 178 000 b/j – et décline depuis, se situant actuellement entre 120 000 et 130 000 b/j. Cette baisse de régime est attribuée à des problèmes techniques. « L’infiltration d’eau de la nappe phréatique dans certains puits a rendu difficile l’extraction du pétrole », explique un conseiller du Premier ministre.

Le brut, exporté via le port de Kribi, au Cameroun, provient essentiellement du bassin de Doba – au potentiel estimé à 950 millions de barils -, exploitable sur une trentaine d’années. Selon la compagnie pétrolière BP, les réserves prouvées du pays étaient de 1,5 milliard de barils en 2010. La mise en exploitation du gisement de Bongor (Sud-Ouest), qui devrait doper la production nationale de 60 000 b/j supplémentaires, tarde à remplir cette mission. Du côté du gouvernement, on assure que CNPC, qui opère ce champ, est toujours à pied d’oeuvre pour rattraper le retard. Et permettre au pays d’atteindre son objectif de production de 250 000 b/j. 

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