Mégaprojet de Total en Ouganda : les opposants déboutés

Les opposants au mégaprojet pétrolier controversé de TotalEnergies en Ouganda ont été déboutés par le tribunal de Paris, dans la première application de la loi sur le devoir de vigilance devant la justice.

Sur le site de la raffinerie Total Energy, à Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, le 10 octobre 2022. © Lou BENOIST / AFP

Publié le 1 mars 2023 Lecture : 2 minutes.

Le 28 février, le tribunal de Paris a débouté les opposants au mégaprojet pétrolier controversé de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, reprochant en creux aux ONG de ne pas avoir suffisamment exploré la voie du dialogue avec le géant pétrolier avant de saisir la justice.

Très attendue, la décision des magistrats constitue une première interprétation du « devoir de vigilance » des entreprises, créé en 2017 par une loi française pionnière, mais dont les magistrats pointent du doigt les lacunes.

la suite après cette publicité

Cette loi impose aux multinationales de prévenir les risques que font peser leurs activités sur les droits humains, la santé et l’environnement. Elle donne lieu à une dizaine de procédures en cours d’ONG contre des groupes français, mais elle n’avait encore jamais été appliquée devant la justice.

Péril sur la biodiversité

Le tribunal de Paris a jugé « irrecevables » les demandes des Amis de la Terre, de Survie et de quatre ONG ougandaises. Celles-ci avaient assigné en 2019 le groupe pétrolier sur la base de cette loi en attaquant deux chantiers colossaux indissociables, dont elles réclamaient la suspension : le projet Tilenga, un forage en Ouganda empiétant sur le parc naturel des Murchison Falls et le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline), un oléoduc chauffé de 1 500 km jusqu’à la côte tanzanienne.

Outre le péril pour des zones riches en biodiversité, les ONG ont documenté sur le terrain des atteintes aux droits humains : populations expropriées sans être indemnisées à temps ou suffisamment, voire empêchées de cultiver leurs terres avant de disposer d’une option alternative. Ce que conteste pied à pied le groupe pétrolier.

Cible de manifestations, de pétitions et de multiples protestations internationales, jusqu’au Vatican, le mégaprojet est par ailleurs devenu emblématique du choix controversé de TotalEnergies de poursuivre ses investissements dans les énergies fossiles malgré la crise climatique.

la suite après cette publicité

Mise en demeure

Mais le tribunal, qui a examiné l’affaire en décembre après trois ans de bataille procédurale, estime que les demandes et griefs des associations sont désormais « substantiellement différents » de ceux contenus dans la mise en demeure qu’elles avaient adressée à TotalEnergies en juin 2019, point de départ de la procédure.

Cette mise en demeure, selon la loi, ouvre un délai de trois mois à l’entreprise pour répondre et le cas échéant se mettre en conformité, avant une éventuelle saisine de la justice.

la suite après cette publicité

Les ONG, qui contestent avoir modifié substantiellement leurs demandes, « n’ont fait que les préciser et consolider leur argumentaire avec plus de 200 documents de preuves à l’appui », a réagi Juliette Renaud, une responsable des Amis de la Terre.

« On va se laisser le temps de digérer la décision » et échanger « pour voir si il est opportun de faire appel ou pas », a déclaré leur avocate Céline Gagey, saluant « la mobilisation citoyenne très forte sur ce projet » grâce à leur action qui « a obligé Total à améliorer la transparence de ses procédures et à faire quelques efforts » toutefois « encore très insuffisants ».

Du côté de TotalEnergies, on refuse tout interview et on se borne à « prendre acte » de la décision.

(avec AFP)

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires