Niger – Libye : Alambo, un ami d’Aqmi ?

Aghaly Ag Alambo, l’ex-rebelle touareg, qui fut un proche de Kadhafi, a été arrêté au Niger. Il est soupçonné d’avoir organisé un trafic d’explosifs destinés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Aghaly Ag Alambo est le fondateur du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). © AFP

Aghaly Ag Alambo est le fondateur du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 26 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

C’était un leader touareg intransigeant, accueilli avec les honneurs à Tripoli du temps de Mouammar Kadhafi. Depuis le 20 mars, c’est dans une prison de Niamey qu’Aghaly Ag Alambo passe ses journées. Le fondateur du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), groupe qui a sévi durant la rébellion de 2007-2009, est soupçonné d’avoir organisé un trafic d’explosifs en faveur d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

L’affaire débute en juin 2011. En pleine crise libyenne, l’armée nigérienne intercepte dans le nord du pays un convoi de 4×4 transportant 90 000 dollars, plus de quatre cents détonateurs et 600 kg de Semtex, un explosif très puissant, dont quelques centaines de grammes ont suffi à perpétrer l’attentat de Lockerbie – commandité par la Libye – en 1988. Mohamed Apta, ancien chef du Mouvement des jeunes Arabes du Niger (MJAN), très proche d’Alambo durant les années de rébellion, est interpellé. En détention, il lâchera le nom de son ex-mentor, qu’il accuse d’être le cerveau de l’opération.

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Depuis, la justice nigérienne cherchait à l’entendre. Ne se doutant manifestement pas du sort qui l’attendait, Alambo – qui séjournait en France depuis quelques semaines – a répondu à sa convocation à son arrivée à Niamey, le 18 mars. « J’ai pu le voir en détention, assure un proche de Brigi Rafini, le Premier ministre touareg. Il est en forme et clame son innocence. »

La peur d’un soulèvement dans le Nord

Cette arrestation embarrasse Hama Amadou, président de l’Assemblée nationale et membre de la coalition du président Mahamadou Issoufou, qui l’avait recruté comme conseiller spécial. Mais une question plus urgente préoccupe les autorités nigériennes : y a-t-il un risque de soulèvement des fidèles d’Alambo dans le Nord ? Pour Rhissa Ag Boula, un ancien chef rebelle, la réponse est non. « Beaucoup de jeunes combattants l’ont abandonné en 2009 et ils n’ont pas gardé un bon souvenir de lui », rappelle-t-il. Quant aux mercenaires qu’il avait recrutés pour se battre aux côtés de Kadhafi l’an dernier, ils ne risquent pas de prendre les armes pour lui : ils ont touché une somme dix fois inférieure à celle qui leur avait été promise.

Il n’empêche, Niamey surveille la situation dans le Nord comme le lait sur le feu. Surtout depuis le coup d’État des militaires maliens, qui a galvanisé une rébellion touarègue enivrée par ses succès au point qu’elle s’apprête à déclarer l’indépendance du Nord-Mali sous le nom de l’Azawad. Pour éviter de fournir le moindre prétexte à leurs jeunes frères du Nord, à Niamey, certains Touaregs influents plaident pour une libération de l’ancien chef du MNJ. La capacité de nuisance d’Alambo reste, aujourd’hui encore, sa meilleure arme. 

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