Guinée : nouveau cap pour le Port autonome de Conakry
Le port autonome de Conakry poursuit ses travaux d’extension et se repositionne face à ses concurrents régionaux.
Les vagues de la bataille du Port autonome de Conakry (PAC) se sont aplanies pour laisser la vedette à ses projets de développement. « Agrandir le PAC demande l’approfondissement du chenal d’accès, explique Mamadi Condé, responsable de l’Administration et contrôle des grands projets (ACGP). Le tirant d’eau y étant de 9,5 m, les grands navires ne peuvent accoster. Nous envisageons de le creuser pour atteindre 13,5 m cette année, sur une distance d’environ 150 m. » Une profondeur qui n’a pas été choisie au hasard ; elle est équivalente à celle du port de San Pedro, en Côte d’Ivoire. Le coût de l’opération s’élève à 60 millions de dollars environ (45 millions d’euros), et les travaux doivent prendre fin en 2014. Les investissements en vue de l’extension et de la modernisation du PAC faisaient partie des conditions exigées par l’État auprès du nouveau concessionnaire.
Rude bataille. L’an dernier, trois mois après son arrivée au pouvoir, Alpha Condé a remis en question le contrat de développement et de gestion du PAC, accordé en 2008 à Getma International, filiale du groupe français NCT Necotrans. Au coeur d’une rude bataille politico-judiciaire – qui s’est, entre-temps, transportée à Paris – opposant Getma à Bolloré Africa Logistics d’une part, et d’autre part à l’État guinéen, le contrat de concession a été cédé, pour vingt-cinq ans, à Bolloré Africa Logistics. Au total, la filiale du groupe français Bolloré, déjà concessionnaire du terminal à conteneurs du PAC, compte investir 500 millions d’euros en vingt-cinq ans, dont plus de 150 millions d’ici à 2014, dans des travaux d’extension et de réhabilitation des infrastructures.
L’objectif est d’atteindre un volume de traffic de 10 millions de tonnes en 2013.
L’objectif du PAC est de faire passer son trafic global de 7 millions de tonnes de marchandises en 2010 à 10 millions en 2013, et de se positionner en concurrent direct des ports ivoiriens : Abidjan, dont le trafic était de 16,6 millions de tonnes en 2011, et San Pedro, de 1 million de tonnes environ. Avec la fin de la crise politico-militaire, ces deux ports ont commencé à retrouver leurs clients de l’hinterland, notamment les opérateurs économiques maliens, qui avaient fait du PAC leur première destination. C’est d’ailleurs pour cette raison que la surface du terminal à conteneurs est actuellement étendue de 8 ha à 12,5 ha. À court terme, l’objectif de Mamadouba Sankhon, directeur général du PAC, est de faire de Conakry l’une des plateformes de transbordement pour les petits pays voisins que sont le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau et la Gambie. À moyen terme, l’État compte construire de petits ports sur les îles de Loos (Kassa) et à Boké pour favoriser l’exploitation minière.
Paix sociale. En attendant, l’autorité portuaire et le concessionnaire gagneraient davantage à investir dans la préservation de la paix sociale au sein de la communauté portuaire. En novembre, une grève des travailleurs du port a paralysé les activités pendant plusieurs jours. Ceux-ci réclamaient entre autres de « meilleures conditions de vie et de travail ». Cette revendication n’a pas encore été satisfaite.
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