Guinée – Mamadi Condé : « La précipitation serait contre-productive »

Pour l’administrateur général chargé des grands projets, rien ne sert de lancer des chantiers s’ils ne répondent pas aux besoins et si les moyens de les mener à terme ne sont pas réunis.

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Publié le 29 mars 2012 Lecture : 4 minutes.

Guinée : Alpha Condé à l’épreuve
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Guinée : Alpha Condé à l’épreuve

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Nommé fin 2010 par décret présidentiel à la tête de l’Administration et contrôle des grands projets (ACGP), Mamadi Condé, 58 ans, est chargé de suivre les grands travaux en Guinée, de l’étude de leur faisabilité à leur exécution, en passant par la recherche des financements.

Ce spécialiste en évaluation de projets de développement est un compagnon de longue date d’Alpha Condé et l’une des figures de proue du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Au cours de cet entretien réalisé dans son bureau de Kaloum (le centre administratif de Conakry), il revient notamment sur les raisons pour lesquelles les grands travaux du quinquennat de Condé n’ont pas encore été véritablement mis en route.

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Jeune Afrique : Un an après l’investiture d’Alpha Condé, il y a peu de chantiers réellement nouveaux. Pourquoi ?

Mamadi Condé : Nous sommes en train de reprendre certains travaux qui avaient été suspendus il y a quelques années, notamment pour des raisons de gouvernance, et pour la relance desquels le chef de l’État a souhaité que des actions vigoureuses soient menées.

Par ailleurs, une grande part de notre travail est pour le moment consacrée à la réalisation d’études dans différents domaines. L’ACGP a souhaité qu’il y ait un fonds d’environ 20 millions de dollars [15,3 millions d’euros, NDLR] pour mener ou approfondir des études de projets importants, à l’intention des investisseurs notamment. Quand cela sera fait, nous aurons une nette lisibilité des besoins, exhaustifs et chiffrés. La précipitation serait contre-productive.

Quels sont les projets prévus pour combler l’énorme déficit en électricité, en particulier dans la capitale ?

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Conakry a besoin de 250 MWh, alors que la production actuelle n’est que de 124 MWh. Le nombre de groupes électrogènes de la centrale de Tombo doit être porté de cinq à sept, et, dans les six mois à venir, des groupes d’une puissance de 100 MW et fonctionnant au mazout nous seront fournis par une société brésilienne pour être installés à Kipé,x à Tombo et à Anta. En attendant, un groupe électrogène d’une puissance de 50 MW, fonctionnant au gasoil, a été installé fin décembre 2011, en appoint à la centrale de Tombo et au complexe hydroélectrique des grandes chutes.

Par ailleurs, nous avons obtenu un financement de 22 millions de dollars de la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [Cedeao] pour l’installation de groupes électriques à Labé, Kankan, Faranah et Nzérékoré.

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Quant aux barrages hydroélectriques, les études les plus avancées concernent celui de Kaléta, dont la puissance sera de 240 MW [un chantier de 526 millions de dollars réalisé et financé à 75 % par la China International Water and Electric (CIWE) et à 25 % par l’État guinéen], et nous gardons aussi en tête les projets de barrage de Souapiti, d’Amaria, et de microbarrages.

Que prévoyez-vous dans le secteur de l’eau ?

Le déficit en eau est relativement mieux géré que celui de l’électricité, puisque la distribution se fait par délestage et que l’eau peut être stockée. Le projet en cours vise à augmenter la capacité de production de l’un de nos deux plus grands sites, celui de Dubréka ou celui des grandes chutes. Il s’agit d’identifier lequel des deux fournira le maximum de ressources en eau pour approvisionner Conakry pendant vingt à trente ans, et celui dont l’exploitation reviendra le moins cher. Quel que soit le site, plusieurs opérateurs sont intéressés. L’objectif est de tripler la production quotidienne actuelle, qui est de 140 000 m3 d’eau, sachant que les besoins sont estimés au double de cette capacité.

Et en termes d’infrastructures routières ?

Dans un an au plus tard, un pont de 1,4 km, comportant deux passerelles et un échangeur, sera livré près du Palais du peuple de Conakry. Il est cofinancé notamment par l’État et la Banque africaine de développement [BAD] pour environ 130 milliards de francs guinéens [13,4 millions d’euros]. Afin de lutter contre les embouteillages à Kaloum, le centre administratif de Conakry, il est prévu de construire une route de 4 à 5 km réservée aux camions entre le pont Conventionnel et celui du 8-Novembre.

Interrompus il y a plus de trois ans, les travaux de la route Matoto-Anta-Tombolia (soit 8,6 km) ont été repris sur décision du président Condé. D’un coût de 30 millions de dollars environ, financé, entre autres, par des fonds de l’Opep [Organisation des pays exportateurs de pétrole], le projet présentait un solde de 13 millions de dollars, désormais supporté par le budget national. D’ici au mois de juin, la route devrait être ouverte au trafic.

D’autres axes routiers importants sont en cours de réalisation, dont les 30 km de la route Bofa-Kolaboui [pour 200 milliards de francs guinéens, entièrement financés par l’État], ainsi que le tronçon Labé-Sériba-frontière sénégalaise, cofinancé par le gouvernement et la Banque islamique de développement [BID].

Quels sont les autres principaux projets ?

Un grand aéroport à Mafèrinyah, à 70 km de Conakry, pour lequel nous sommes à la recherche d’un financement de 12 millions de dollars. Nous prévoyons également de développer le Transguinéen, qui doit servir à la fois au transport de minerais et de voyageurs, soit par chemin de fer, soit par voie fluviale, sur deux tronçons : Conakry-Kankan-Kérouané et Kankan-frontière du Mali.

Il est par ailleurs prévu de construire un nouveau centre administratif à Koloma, qui accueillera notamment le siège de quelques ministères et certains services de l’État dans de meilleures conditions. Une étude a été faite dans ce sens et intégrée au schéma directeur de la ville de Conakry.

Enfin, nous envisageons la construction de logements sociaux. D’ores et déjà, un fonds de l’habitat a été créé. Il sera pourvu de façon permanente, selon un mécanisme qui reste à définir.

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Propos recueillis à Conakry par André Silver Konan

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