Inde : la guerre des héritiers

Lors des élections régionales indiennes dans l’Uttar Pradesh, Akhilesh Yadav, fils d’un vieux routier de la politique locale, a fait mordre la poussière à Rahul, celui de Sonia Gandhi.

Supporteurs du Samajwadi Party (SP). © SIPA

Supporteurs du Samajwadi Party (SP). © SIPA

Publié le 23 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

À l’issue des élections régionales (8 février-3 mars), Akhilesh Yadav (39 ans) est devenu le plus jeune chef du gouvernement de l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde (200 millions d’habitants). Il est le fils de Mulayam Singh Yadav, qui dirigea la province à trois reprises.

Relativement discret jusque-là, le jeune Yadav a pris tout le monde au dépourvu par la vigueur et le caractère progressiste de sa campagne. Cela s’est traduit par un raz-de-marée pour le Samajwadi Party (SP, d’obédience socialiste), la formation fondée par son père il y a vingt ans. Grâce à un discours axé sur le développement et la modernisation, il a réussi à changer l’image du SP, qui, il n’y a pas si longtemps, rejetait l’informatique et l’usage de l’anglais ! Il a aussi réussi à reconquérir la minorité musulmane (18 % de la population de l’État), qui avait déserté le SP après son alliance avec les intégristes hindous. Reste que le principal exploit de Yadav est d’avoir réussi à détrôner Mayawati, chief minister sortante et pasionaria des intouchables, dont la popularité a souffert de diverses affaires de corruption.

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La presse indienne a beaucoup commenté son face-à-face avec Rahul Gandhi, héritier de l’illustre dynastie Nehru-Gandhi, qui a personnellement dirigé la campagne du Parti du Congrès dans l’Uttar Pradesh, sans réussir à galvaniser les foules. Le parti au pouvoir à New Delhi n’obtient en effet que 38 sièges dans la nouvelle assemblée régionale, contre 224 pour le SP. Une débâcle qui risque de ne pas être sans conséquence sur les prochaines législatives nationales, en 2014. Le rêve des congressistes de voir Rahul reprendre les rênes du pouvoir des mains de Manmohan Singh, le Premier ministre octogénaire, qui souhaite se retirer de la politique active, a du plomb dans l’aile.

Inexpérience

En dépit de sa popularité, Yadav Jr. risque de se heurter à de sérieuses difficultés. Son inexpérience en matière de gestion fait craindre le retour du système mafieux qui avait fini par gangrener l’Uttar Pradesh et fut la cause de la défaite du SP en 2007. Par ailleurs, il aura du mal à tenir sa promesse de distribuer gratuitement des ordinateurs portables à tous les jeunes en fin d’études secondaires. Or, dans un État où 40 millions d’électeurs ont moins de 30 ans, on ne déçoit pas impunément les attentes de la jeunesse. 

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