Présidentielle française : la Corrèze et le Zambèze

Publié le 23 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

François Hollande a-t-il été piqué au vif par l’académicien Jean-Christophe Rufin ? Dans Jeune Afrique (no 2668), l’ancien ambassadeur de France au Sénégal se déclarait, non sans raison, incapable de dire si le candidat socialiste pouvait faire mieux que l’actuel chef de l’État en matière de politique africaine : « Il n’a délivré jusqu’ici ni discours programmatique ni propositions concrètes », écrivait-il. De fait, l’élu de Tulle, dont le tropisme africain est proche de zéro, semble avoir fait sienne la vieille formule du journaliste Raymond Cartier, dans les années 1950 : « La Corrèze avant le Zambèze. » « Il fallait s’y attendre », commente, non sans amertume, un familier des cercles socialistes. En ces temps de crise européenne et d’angoisses franco-françaises, l’Afrique n’est pas un enjeu. En clair, elle ne rapporte pas de voix.

Reste qu’en cas de victoire François Hollande va bien devoir impulser (pour les plus optimistes) ou bricoler (pour les plus circonspects) un projet, à défaut d’une vision. En 2006, Nicolas Sarkozy avait prononcé à Cotonou un prometteur et flamboyant discours. On sait ce qu’il advint par la suite des promesses de rupture, perdues corps et biens dans les entrelacs des réseaux de la Françafrique remontant jusqu’à l’Élysée. Mais cette allocution béninoise aura au moins constitué une balise permettant d’évaluer les changements de cap ultérieurs.

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Cette fois, rien. On fouille, on cherche, et on trouve difficilement sur le site de la Fondation Jean-Jaurès un sympathique essai, Quelle politique africaine pour la France en 2012 ?, de Thomas Mélonio, spécialiste Afrique du Parti socialiste qui figure dans le pléthorique organigramme du candidat. Quant au think-tank Terra Nova, la boîte à idées du PS, il propose la tenue d’« états généraux » consacrés à l’aide au développement et « la fin de la parité fixe » du franc CFA avec l’euro. Cette note est signée d’un pseudonyme. C’est dire l’emballement suscité par ces sujets au sein d’un état-major de campagne au casting problématique.

Le « Monsieur Afrique » de Hollande, Kofi Yamgnane, fut ministre sous Mitterrand. Depuis, il hésite entre une rente politique en France et un destin présidentiel hasardeux au Togo. Les origines algériennes de Kader Arif, son « Monsieur Coopération », inciteraient à croire que ces questions ne lui sont pas étrangères. Mais ses communiqués sibyllins sur le Sénégal démontrent le contraire.

Quant au candidat, il a prononcé le 11 mars un discours sur la défense nationale. Résultat : un paragraphe sur l’Afrique dans lequel on apprend que, là-bas, « se joue aussi une part de l’avenir du monde ». « Je souhaite faire de la France, conclut Hollande, un partenaire présent avec l’ensemble des nations africaines », avant de promettre, bien entendu, « une coopération débarrassée des formes anciennes héritées de la période postcoloniale » et un changement des relations « avec certains régimes ». Et si l’ambassadeur Rufin signait une deuxième tribune

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