Israël – Éthiopie : diplomatie positive
En nommant une ambassadrice d’origine éthiopienne à Addis-Abeba, l’Etat hébreu adresse un message fort à sa communauté falasha, victime de discrimination.
C’est ce qu’il convient d’appeler un retour aux sources. Belaynesh Zevadia, 43 ans, retrouve l’Éthiopie, son pays natal, vingt-sept ans après l’avoir quittée pour rejoindre la Terre promise. Elle vient d’être nommée ambassadrice d’Israël à Addis-Abeba, devenant ainsi la première femme d’origine éthiopienne à occuper un haut poste. « Je suis honorée pour moi et ma famille, a reconnu la diplomate. C’est la preuve qu’en Israël tout le monde peut accomplir ses rêves, peu importe que l’on soit nouvel immigrant ou Israélien de souche. »
Modèle d’intégration réussie, Belaynesh Zevadia est aussi un exemple de dévouement pour sa communauté. En 1985, quelques mois seulement après être arrivée d’un petit village de la province de Gondar, elle propose ses services à l’Agence juive pour venir en aide aux nouveaux immigrants éthiopiens. L’État hébreu est alors engagé dans l’opération Moïse, un vaste pont aérien qui permettra l’exfiltration de 8 000 Falashas via des camps de réfugiés au Soudan qu’ils avaient rejoints à pied, souvent au péril de leur vie. Quelques années plus tard, Belaynesh Zevadia décroche un master en études africaines à l’université hébraïque de Jérusalem, couronnant de brillantes études de sciences politiques. Ambitieuse, elle franchit un nouveau cap en 1993, quand elle intègre le ministère israélien des Affaires étrangères. Jusqu’ici, sa carrière diplomatique l’avait surtout menée aux États-Unis, où elle a travaillé pour les consulats d’Israël à Houston et à Chicago.
Alibi
« La décision de nommer comme ambassadrice Belaynesh Zevadia, au-delà du fait qu’elle est une diplomate de talent, transmet un message important à la société israélienne, qui est actuellement aux prises avec la question du racisme envers nos frères d’Éthiopie, précise le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui a personnellement appuyé la candidature de Zevadia. Cette nomination est particulièrement importante en ce sens : nous voulons lutter contre la discrimination. » À l’évidence, la diplomate sert aussi d’alibi aux autorités de l’État hébreu, qui peinent à empêcher les manifestations d’hostilité contre cette communauté. Après que les autorités rabbiniques eurent tardivement reconnu leur judaïté, les 120 000 Juifs éthiopiens recensés aujourd’hui en Israël ont du mal à s’intégrer. Confrontés au chômage et à la pauvreté, beaucoup vivent relégués dans des villes de seconde zone, telle Kiryat Malachi. En janvier dernier, c’est dans cette localité du sud d’Israël que des habitants avaient refusé de leur louer des appartements. Des dizaines de milliers d’Éthiopiens avaient alors manifesté à Jérusalem pour dénoncer le racisme.
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Maxime Perez, à Jérusalem
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