Les escapades brésiliennes de Ray Lema
Habitué à surprendre par son sens de l’ouverture, le pianiste Ray Lema est, une fois de plus, sorti de la routine. Résultat : un CD/DVD d’où se dégage une énergie à revendre.
L’aventure débute en 2009. Cette année-là, le Brésil célèbre l’année de la France. Ray Lema figure parmi les artistes invités. À cette occasion, le musicien et compositeur français d’origine congolaise se produit avec le Jazz Sinfônica de São Paulo dirigé par le maestro João Mauricio Galindo. Pour Ray Lema, dont la formation de base est classique, c’est un émerveillement. Quant au maestro brésilien, il découvre, pour sa part, un autre univers musical. Les sonorités qui sortent du piano de son hôte le séduisent. Il estime alors utile de tenter une expérience inédite : écrire et jouer du Lema avec son orchestre.
De longue haleine
João Mauricio Galindo décide ensuite d’écouter plus de cent compositions signées Ray Lema. Au bout du compte, il en retient treize qui lui semblent les plus parlantes et entame un travail de longue haleine consistant à les adapter en musique symphonique, une expérience que Lema, pourtant connu pour ses recherches et son ouverture d’esprit, n’avait pas encore tentée. Les répétitions terminées, une symbiose s’opère entre la symphonie classique et les rythmes épurés de Lema. L’enregistrement de l’album a finalement lieu dans l’auditorium Ibirapuera de São Paulo. Lema, au piano et au chant, participe à quelque chose de magique, au milieu des 90 talents du Jazz Sinfônica de São Paulo. L’harmonie est parfaite. L’image montre un ensemble qui semble transfiguré par la qualité du travail abattu. Il y a du mouvement, du plaisir, des vibrations inédites dans chaque morceau. La musique est sublimée.
À travers la symphonie, le musicien a découvert la riche de sa propre création artistique
Cette expérience unique a beaucoup marqué Ray Lema, bien qu’il soit déjà un modèle de rigueur et toujours prompt à se frotter à ses pairs de par le monde. À travers la symphonie, il a découvert toute la richesse de sa propre création. Mais est-ce l’aboutissement de sa carrière ? Non. « Pour moi, c’est le début d’une nouvelle étape », confie le sexagénaire alerte natif du Bas-Congo. « J’aimerais amener mon héritage culturel dans l’univers de la musique symphonique. Nous n’avons pas encore donné tout notre potentiel spirituel. » Plus concrètement, suivant les conseils du maestro João Mauricio Galindo, il s’est mis à l’étude de l’art symphonique. Tel un écolier appliqué, il a acheté des livres, qu’il dévore jour et nuit afin d’atteindre la maîtrise de ce nouveau mode d’expression. Ray Lema voudrait voir les publics africains « faire la différence entre la musique culturelle et celle des paillettes qui entre dans le modernisme par le show-business ». En octobre prochain, il reprendra le chemin du Brésil, ce pays qu’il connaît bien. « C’est là que je me sens le plus à mon aise », avoue-t-il. Il y retrouvera, sans doute, son ami le chanteur Chico César, invité spécial sur son avant-dernier album, 99. Il ira surtout dans l’État du Minas Gerais. Il y a plusieurs siècles, des esclaves africains, dont beaucoup provenaient du royaume de Kongo, y ont débarqué. Le pianiste retrouvera des éléments de sa culture. Comme un poisson dans l’eau – il s’est déjà produit dans cette région accompagné par mille tambours -, Ray Lema jouera dans de nombreuses églises. En attendant, il sera sur scène le 24 mars à Stains (au nord de Paris), dans le cadre du festival Banlieues bleues.
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