Livre : « À défaut d’Amérique », de Carole Zalberg

Avec « À défaut d’Amérique », Carole Zalberg signe une entrée remarquable aux éditions Actes Sud. Par Alain Mabanckou.

Première de couverture du livre de Carole Zalberg, « À défaut d’Amérique ». © D.R.

Première de couverture du livre de Carole Zalberg, « À défaut d’Amérique ». © D.R.

ProfilAuteur_AlainMabanckou
  • Alain Mabanckou

    Alain Mabanckou est écrivain et professeur de littérature francophone à UCLA (États-Unis). Depuis 2016, il occupe la chaire de création artistique au Collège de France.

Publié le 21 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Carole Zalberg – avec Stéphanie Hochet, David Foenkinos, Carole Martinez et Maylis de Kerangal – est une des nouvelles voix singulières de la littérature française. Auteure notamment de Et qu’on m’emporte ou encore de La Mer horizontale parus chez Albin Michel, elle signe, avec À défaut d’Amérique, une entrée remarquable aux éditions Actes Sud, où elle retrouve de « grosses pointures » comme Nancy Houston, Laurent Gaudé, Mathias Enard ou Paul Auster.

À défaut d’Amérique est un roman traversé par une nostalgie à la fois douloureuse et délicieuse où l’on voit Adèle, « la Française », fille de réfugiés juifs polonais, grandir et s’affirmer dans un Paris cosmopolite de l’entre-deux-guerres. Son grand amour, Louis, est également fils de réfugiés. Le couple découvre la joie des vacances en famille en bord de mer pendant le Front populaire. Il traverse cette guerre qui s’acharnera sur ses proches et laissera des séquelles sur toute la famille pendant plusieurs générations, et sur plusieurs continents.

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À travers des chapitres brefs et épurés, Zalberg peint ainsi Suzan, depuis l’Amérique, et Fleur, depuis la France, qui retracent les chemins de vie de la défunte Adèle, qui avait réussi à rester debout malgré les ravages de la guerre autour d’elle.

Suzan, avocate new-yorkaise, est hantée par cette « Française », dernier amour de son père, Stanley, et part à la découverte des écrits de sa mère, Lisa. Elle ne pourra se définir elle-même sans retracer le parcours de ses parents. Elle renoue alors avec sa tante, Sophia, grande figure de la lutte antiapartheid en Afrique du Sud.

De son côté, Fleur, à la mort de « la Française », feuilletant les photographies et égrenant des souvenirs d’enfance, arrive peu à peu à un douloureux constat: si les figures mythiques familiales peuvent nous protéger, elles peuvent aussi nous étouffer.

En donnant voix à ces deux femmes, Carole Zalberg esquisse le portrait d’une femme vaillante et courageuse qui traversa le siècle à l’instar d’une héroïne de Frank Capra, le cinéaste américain d’origine italienne. On peut lire À défaut d’Amérique comme un vibrant hommage aux milliers d’exilés d’Europe de l’Est victimes de cette bêtise humaine qu’est la guerre.

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214 pages, 18.50 euros

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Ce roman polyphonique questionne l’Histoire et honore la mémoire des femmes et des mères qui tiennent discrètement mais fermement les rênes de notre monde. Le livre a séduit les membres du jury du prix Ouest-France/Étonnants Voyageurs, qui l’ont retenu dans leur première sélection du prix qui sera remis en mai prochain, à Saint-Malo.

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