Cameroun : tous branchés en 2020 ?

Malgré un potentiel hydroélectrique important, le Cameroun n’est jamais parvenu à résorber son déficit énergétique. Le nouveau ministre en charge du secteur, Basile Atangana Kouna, entend y remédier, projets à l’appui.

Basile Atangana Kouna est ministre camerounais de l’Énergie et de l’Eau. © Vincent Fournier/J.A.

Basile Atangana Kouna est ministre camerounais de l’Énergie et de l’Eau. © Vincent Fournier/J.A.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 22 mars 2012 Lecture : 4 minutes.

Un mégabarrage hydroélectrique capable de produire entre 400 et 550 MWh à Kpep, dans le Menchum au nord-ouest du Cameroun. Tel est l’objet de la négociation entamée fin février à Londres par Basile Atangana Kouna, le ministre camerounais de l’Énergie et de l’Eau, avec la société britannique Joule Africa et son partenaire allemand, Lahmeyer. Le consortium s’apprête à démarrer une étude pour estimer le coût global de ce projet. Puis suivront « un contrat en Build Operate Transfer (BOT) et le démarrage du chantier entre fin 2013 et début 2014 pour une mise en service deux ans plus tard », assure le ministre. Les deux entreprises, déjà actives sur le continent, ont conjointement signé, en décembre 2011 en Sierra Leone, un accord de 750 millions de dollars (580 millions d’euros) visant à porter la capacité du barrage hydroélectrique de Bumbuna de 50 MW à près de 400 MW d’ici à la fin de l’année.

La centrale de Kpep s’ajouterait donc aux projets en quête de financement ou en cours de réalisation qui permettront à terme au Cameroun, selon Basile Atangana Kouna, d’exporter de l’électricité. En tout, les autorités entendent investir plus de 5 800 milliards de F CFA (8,8 milliards d’euros) entre 2010 et 2020 pour développer les infrastructures de production et de distribution d’électricité. Mais avant, le Cameroun doit satisfaire à ses propres besoins. Certes, le rationnement du courant, qui pénalise fortement le développement du secteur industriel et freine la croissance du PIB (+ 3,8 % en 2011), a diminué ces deux dernières années, mais le pays est toujours confronté à un déficit énergétique, et plus de la moitié des Camerounais n’ont pas encore accès à l’électricité.

48,7% de la population seulement a accès à l’électricité (source Banque Mondiale, 2009).

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Avancées notables

Doté pourtant d’un potentiel hydro­électrique de 12 000 MW, qui le situe sur le continent derrière la RD Congo et l’Éthiopie, le Cameroun ne produit aujourd’hui que 750 MWh à partir de sources hydrauliques, sur une production totale d’un peu plus de 1 000 MWh. L’objectif que se fixe désormais le gouvernement est de tripler cette capacité à l’horizon 2020. En résorbant le déficit énergétique, il obtiendrait une croissance du PIB de 2 % supplémentaires.

De fait, à l’instar des autres pays de la zone (Gabon, Congo, Guinée équatoriale…), également engagés dans l’augmentation de leur production énergétique, les autorités camerounaises multiplient les initiatives. Fin décembre, elles ont ainsi enfin réussi à boucler le financement de la centrale thermique à gaz de Kribi, annoncée depuis plusieurs années et qui devrait être livrée au premier trimestre 2013. D’une capacité de 216 MW extensible à 330 MW, elle sera cons­truite et exploitée par Kribi Power Development Corporation (KPDC), une filiale d’AES-Sonel, principal distributeur d’électricité au Cameroun, pour un investissement total de 190 milliards de F CFA. Un montant financé par l’État (60 milliards de F CFA), un consortium de banques locales (40 milliards F CFA) et des bailleurs de fonds internationaux (90 milliards de F CFA). Le gaz destiné à l’alimenter sera fourni dès la fin de cette année par la Société nationale des hydrocarbures (SNH).

Le financement du barrage de Lom-Pangar sera bouclé d’ici à fin juin.

Basile Atangana Kouna, ministre camerounais de l’Énergie et de l’Eau.

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Autre projet censé connaître prochainement une avancée notable, la construction du barrage de Lom-Pangar, sur le fleuve Sanaga (dans l’est du pays), assurée par Electricity Development Corporation (EDC), devrait démarrer avant la fin de cette année. Il s’agit ici de mettre en place un réservoir de 6 milliards de m3 d’eau pour approvisionner les centrales d’Édéa et de Song Loulou afin de porter leur capacité de 450 MW actuellement à 729 MW en 2015. « Nous pensons que le financement – plus de 200 milliards de F CFA – sera bouclé d’ici à fin juin », indique-t-on au ministère de l’Énergie et de l’Eau. Une dernière mission d’évaluation des bailleurs de fonds, dont l’AFD, la Banque européenne d’investissement, la Banque mondiale, la BAD ou encore la BDEAC, s’est achevée en janvier sur une bonne note. Les conseils d’administration de ces institutions devront décider, dans les semaines à venir, du niveau de leur participation au projet. « Nous sommes optimistes, car le gouvernement a répondu de manière satisfaisante aux demandes des partenaires en produisant une feuille de route en matière d’hydroélectricité et en prenant des mesures concrètes au sujet de la redevance et du droit de l’eau », explique Basile Atangana Kouna, qui est également le directeur général de Camwater, organisme public en charge du développement des infrastructures de production et de distribution d’eau au Cameroun.

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Doper la production

Outre Lom-Pangar, au moins deux autres infrastructures devraient entrer en activité entre 2013 et 2014 : la centrale hydro­électrique de Nachtigal (Centre), d’une capacité de 250 MW (780 millions de dollars), pourrait contribuer à doper la production annuelle d’Aluminium du Cameroun (Alucam) – qui est de 90 000 tonnes environ actuellement -, et celle de Memve’ele (477 millions de dollars), sur le fleuve Ntem, devrait apporter environ 200 MW supplémentaires.

En somme, le Cameroun semble bien lancé pour rattraper son retard énergétique. Si le gouvernement tient ses engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds, tous ces projets devraient aboutir.

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