Législatives en Algérie : Mohamed Seddiki, militant antifraude
Rompu à la supervision des scrutins, ce membre de l’opposition réputé pour son intégrité a été élu à la tête de la commission chargée de veiller au bon déroulement des législatives de mai prochain.
Pas de concession. C’est le mot d’ordre de Mohamed Seddiki lorsqu’il s’agit de faire respecter les règles de la démocratie. Âgé de 58 ans, père de cinq enfants, il a été élu, le 27 février, président de la Commission de surveillance des élections législatives (CSEL) qui auront lieu en mai. L’homme aux cheveux gris argent, qui a un long passé de militant derrière lui, a fait ses premières armes dans des groupes d’enfants de chouhada (martyrs de la guerre de libération), tout en conservant une distance critique avec le pouvoir central. « Je me suis toujours opposé au système du parti unique, car le Front de libération nationale [FLN], pour lequel mon père est tombé au champ d’honneur, a été totalement dévoyé au lendemain de l’indépendance », explique ce jeune retraité de l’Éducation nationale.
Membre fondateur de Ahd 54, parti nationaliste créé en 1991 par Fawzi Rebaïne, Mohamsed Seddiki a siégé à plusieurs reprises au sein de la Commission nationale de surveillance électorale. « J’ai été de toutes les commissions depuis la présidentielle de 1999. Toutefois, je n’ai signé aucun procès-verbal. La raison ? Je n’ai jamais été convaincu de la régularité des élections précédentes. »
Bras de fer
Mohamed Seddiki tient néanmoins à rendre hommage à son prédécesseur, le magistrat Saïd Bouchaïr. « C’est un homme de convictions, un véritable démocrate. Il n’a pas hésité à dénoncer publiquement les dépassements lors des législatives de 2007 », dit-il à son propos. En 2012, la mission du président et des membres de la commission s’annonce encore plus difficile. La structure a certes gagné en indépendance – elle n’est plus dirigée par un coordinateur nommé par le président de la République -, mais les moyens matériels mis à sa disposition sont très limités. Pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme « une entrave à leur action », les membres de la CSEL ont décidé, le 4 mars, de geler toute activité durant trois jours. Ils engageaient, au même moment, leur premier bras de fer contre les pouvoirs publics pour dénoncer l’inscription de 30 000 militaires sur le fichier électoral de la wilaya de Tindouf, ville de l’extrême sud-ouest du pays. « Ces inscriptions se sont déroulées en dehors des délais prévus par la loi. Elles ne doivent pas être acceptées », soutient Seddiki. Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, a expliqué que ces militaires engagés dans les opérations de secours, lors des intempéries du mois de février, avaient introduit des recours pour être inscrits dans le fichier électoral. Un argument rejeté en bloc par la CSEL.
Nouveau dispositif
Le processus de réformes engagé ces derniers mois en Algérie a totalement modifié les mécanismes de contrôle des scrutins. Auparavant, la surveillance des élections était du ressort d’une commission « mixte » composée de représentants des partis politiques. Cette structure était présidée par un coordinateur désigné par le chef de l’État. Le nouveau code électoral a institué deux commissions distinctes. La première, indépendante, ne comprend que des militants de formations politiques, et son président, Mohamed Seddiki, a été élu par ses pairs. Dotée de larges prérogatives, elle est chargée de veiller à la stricte application de la loi électorale. La seconde, officielle, est composée de 316 magistrats désignés par le chef de l’État. Reste à savoir si les actions des deux structures seront complémentaires ou antagonistes. Réponse le 10 mai prochain.
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