Mines : l’israélien BSGR sort de l’ombre

Le groupe investit, avec des résultats contrastés, dans le fer guinéen et les diamants sierra-léonais. Pour doper ses projets, il compte lever 500 millions de dollars à la Bourse de HongKong.

Le démarrage de la mine de Zogota (Guinée) est bloqué par un conflit avec les autorités. © BSGR

Le démarrage de la mine de Zogota (Guinée) est bloqué par un conflit avec les autorités. © BSGR

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Publié le 23 mars 2012 Lecture : 4 minutes.

D’ordinaire discret sur ses activités africaines, l’israélien Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) se fait beaucoup plus visible ces dernières semaines. La filiale minière du holding familial Steinmetz, dirigée par Beny Steinmetz, veut améliorer son image sulfureuse… et lever des fonds sur les marchés pour développer ses projets miniers ouest-africains.

C’est d’abord la Guinée qui concentre toutes les attentions du groupe dirigé depuis Londres, Johannesburg et Genève. Sa filiale BSGR Guinée, qui a signé un accord de 2,5 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) en 2010 avec le brésilien Vale pour développer les gisements de fer, est sous le feu des critiques. Lors du dernier salon Mining Indaba, début février au Cap, en Afrique du Sud, le ministre guinéen des Mines, Mohamed Lamine Fofana, a déclaré que « BSGR n’avait pas suivi la loi » dans la conclusion de son partenariat avec Vale.

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Relations envenimées

Une accusation qui a suscité la colère de l’état-major de BSGR. « Les droits sur les gisements du Simandou et de Zogota ont été confirmés par trois présidents guinéens et par le Parlement », s’indigne le Suédois Dag Cramer, directeur général chargé des finances et du management, et numéro deux du groupe, présent lui aussi au Cap. « Quant au partenariat signé avec Vale, il a été approuvé et ratifié par tous, notamment en présence du ministre Mohamed Lamine Fofana, alors conseiller du Premier ministre. Nous nous sommes engagés dès 2005 en Guinée pour développer le gisement de Zogota, à un moment où aucun investisseur ne voulait y aller ! Nous avons terminé l’exploration en sept ans, soit un temps record. Pendant ce temps, Rio Tinto, présent en Guinée depuis plus de dix ans, était quasi inactif dans le pays mais ne se gênait pas pour valoriser en Bourse ses actifs guinéens inexploités. » D’après lui, BSGR aurait investi 165 millions de dollars depuis son installation. « Si nous voulions juste faire une plus-value en Guinée, comme on nous le reproche, nous nous serions retirés du pays, n’aurions pas conservé 49 % des parts et aurions tout vendu à Vale », fait valoir le Suédois.

Selon des cadres de BSGR, les conseils du milliardaire américain George Soros et de ses avocats, venus à la demande du président Alpha Condé épauler le pays dans sa politique minière, ont envenimé les relations avec les autorités, les faisant revenir sur leurs engagements. En attendant une issue au bras de fer, tous les travaux d’infrastructures, notamment la ligne ferroviaire pour passagers Conakry-Kérouané, ont été arrêtés. L’exploitation de la mine de Zogota, qui devait débuter en mai 2012, a été reportée aux calendes grecques. Il faudra du talent aux équipes de BSGR et à leur partenaire Vale pour mettre en exploitation des gisements faramineux estimés à 4 milliards de tonnes de fer.

Carats et kilowatts

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À quelque 200 km de Zogota, chez le voisin sierra-léonais, les affaires de Beny Steinmetz se portent nettement mieux. Octea, filiale de BSGR spécialisée dans l’extraction du diamant, prévoit pour 2012 une production de 500 000 carats dans sa mine de Koidu, exploitée depuis 2005 et qui compte 1 800 salariés. « Comme en Guinée, nous avons développé seuls nos mines, y investissant 300 millions de dollars depuis 2002. Là encore, il ne s’agit pas d’un projet minier spéculatif mais de long terme, détenu à 100 % par le groupe », se félicite Dag Cramer.

Pour étendre ses activités diamantifères sierra-léonaises, Beny Steinmetz a annoncé en janvier vouloir lever 500 millions de dollars à la Bourse de Hong Kong. « Nous avons pris cette décision en accord avec notre client et partenaire, le groupe de joaillerie américain Tiffany & Co, qui étend actuellement ses boutiques en Asie, explique le directeur général. Nos pierres sierra-léonaises sont appréciées en Chine. Pour nous, il est logique de lever des fonds là où les clients finaux sont implantés. Ce sera la seconde cotation d’une société diamantifère là-bas, cela devrait attirer du monde. Nous serons suivis par les grands investisseurs, j’en suis certain : nos premières consultations avec des banques comme Goldman Sachs ou Credit suisse sont très positives. » Une opération qui permettra à BSGR de se faire connaître dans l’empire du Milieu, premier acheteur de minerais du globe… et d’y trouver des partenaires pour ses autres projets.

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Car, en Afrique de l’Ouest, BSGR est à l’affût de nouvelles opportunités de développement, notamment dans le domaine énergétique. Le groupe s’est notamment positionné au Nigeria sur des appels d’offres de fourniture d’électricité, en consortium avec le chinois SGCC et le nigérian Forte Oil. « Nous savons que c’est un secteur et un pays compliqués, qu’il y a des grèves, de la corruption, mais nous avons l’habitude d’investir dans des endroits difficiles », affirmait Beny Steinmetz, le 19 février, au Financial Times. Guinée, Sierra Leone, Nigeria… Autant d’endroits « difficiles » où l’on n’a pas fini de voir le patron israélien.

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Christophe Le Bec, envoyé spécial au Cap

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