TangerMed, Transnet, Air Sénégal… Le bilan contrasté des champions africains du transport
Si le secteur portuaire redresse la tête, les compagnies aériennes n’ont pas encore fini de payer les dommages liés à la crise sanitaire comme le montre notre classement 2023.
[Exclusif] Le classement 2023 des 500 champions africains
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500 CHAMPIONS AFRICAINS – Considéré comme un bon indicateur avancé de conjoncture, le secteur portuaire a connu en 2021, puis en 2022, une nette reprise au plan mondial, y compris en Afrique. En témoignent les performances de notre champion sectoriel : le groupe Suez Canal Authority sur son exercice fiscal juin 2021-juin 2022 a engrangé des recettes de 7 milliards de dollars, en hausse de 20,7 %. Ce record historique traduit le transit, lui aussi record, de 1,32 milliard de tonnes de fret par l’étroit ruban qui relie la mer Rouge à la Méditerranée.
Les ports prospèrent dans l’ère post-Covid
Au Maroc, Tanger Med a lui aussi établi, en 2021, un nouveau record historique (dépassé ensuite en 2022) avec 7,17 millions de conteneurs EVP traités, soit 24 % de mieux qu’en 2020. À l’autre bout du continent, le sud-africain Transnet Port Terminals a, pour sa part, vu son activité grimper de 11 % sur son exercice à fin mars 2022, dépassant ainsi son niveau pré-Covid.
Au-delà de ces éléments conjoncturels, le secteur portuaire africain est marqué sur la période récente par deux actualités majeures. La première est le rachat de Bolloré Africa Logistics par son concurrent, le groupe italo-suisse MSC, également leader mondial du transport maritime.
Cette opération, chiffrée à plus de 5 milliards d’euros, annoncée en octobre 2021, a été définitivement bouclée en 2022. Ces deux opérateurs ne consolident pas de comptes en Afrique. Mais cette fusion aura de multiples implications sur les sites africains où l’un ou l’autre – parfois les deux – de ces groupes sont présents (Abidjan, Lomé, Kribi, Conakry, Matadi…). Sans parler des concessions ferroviaires exploitées jusque-là par Bolloré (Camrail, Sitarail, et Benirail).
L’autre phénomène est la vague inédite d’investissements dans le domaine portuaire. Une tendance illustrée par le futur port en eau profonde de Dakar Ndayane au Sénégal porté par DP World avec l’investisseur britannique BII, ou encore celui de Banana en RD Congo, un projet concédé au même opérateur. Après plusieurs années de travaux, China Harbour Engineering Company vient, pour sa part, de livrer la phase 1 du port en eau profonde de Lekki, nouvelle porte d’entrée vers Lagos, dont il est en partie concessionnaire.
Les gouvernements à la rescousse de l’aérien
Dans un tout autre domaine, celui de l’aérien, le ciel est moins dégagé. Les compagnies africaines ont commencé à redresser (un peu) le manche en 2021 et surtout en 2022, après un choc inédit par son ampleur. En Afrique, sous l’effet des confinements et autres restrictions sanitaires, le trafic avait plongé de 65 % en 2020, à 34,3 millions de passagers, selon l’Association du transport aérien international (IATA). Ceci avant de remonter à 55 millions de passagers en 2021, puis 67 millions en 2022, sans pour autant encore retrouver les 95 millions de 2019…
La crise aura été fatale à des opérateurs comme South African Airways qui fait toutefois l’objet d’un plan de relance avec des investisseurs sud-africains et Kenyan Airways, compagnie elle-même en pertes constantes depuis 2012. D’autres ont failli disparaître comme Air Mauritius, qui a été nationalisée (via le groupe public Airport Holdings Ltd) avant de reprendre peu à peu son activité.
Dans ce contexte, de nombreuses compagnies ont été soutenues au plus fort de la crise par des plans de recapitalisation des gouvernements comme Air Sénégal (encore trop petite pour figurer dans notre classement) ou encore Royal Air Maroc. La compagnie chérifienne s’est vu allouée sous des formes diverses plus de 600 millions de dollars par les pouvoirs publics marocains. En 2021, la “RAM” a enregistré toutefois des pertes parmi les plus importantes de l’ensemble de notre Top 500, avec près de 300 millions de dollars. Et son retour à l’équilibre n’est pas attendu avant 2024.
Dans ce contexte aérien encore morose, Ethiopian Airlines, le champion africain incontesté (voir notre article dans ce dossier), a pu affirmer la résilience de son modèle. Ayant rétabli aujourd’hui la quasi-totalité de ses liaisons, le groupe public éthiopien aura approché le milliard de dollars de bénéfices sur son exercice 2021-2022, selon son ministre de tutelle. Une véritable singularité à l’échelle du continent.
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