Cinéma : Rachel Mwanza, le miracle congolais

Première Africaine à recevoir l’ours d’argent de la meilleure actrice, à Berlin, la congolaise Rachel Mwanza avait connu jusque-là un parcours chaotique.

Enfant des rues, l’actrice va désormais régulièrement à l’école. © AFP

Enfant des rues, l’actrice va désormais régulièrement à l’école. © AFP

Publié le 27 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Un conte de fées comme seul le cinéma sait en offrir ! Abandonnée de ses parents, errant dans les rues de Kinshasa (RDC) il y a encore peu, la souriante et dynamique Rachel Mwanza côtoyait les plus grandes stars du cinéma lors de la 62e édition du Festival international du film de Berlin. Émue et étonnée du choix du jury, la jeune Congolaise s’est vu remettre, le 18 février, l’ours d’argent de la meilleure actrice pour son rôle dans Rebelle, du Québécois Kim Nguyen.

Dans ce long-métrage tourné en RDC et dont la sortie est prévue en mai 2012, l’adolescente « âgée de 15 ans, voire de 14 », affirme Kim Nguyen, interprète Komona, une fillette enrôlée de force par une milice rebelle. Dressée pour tuer, elle doit abattre ses propres parents. Enceinte du commandant des insurgés, l’héroïne finit par rentrer dans son village natal et, sur fond de voix off, raconte son histoire à son enfant à naître. Elle lui parle notamment du Magicien (Serge Kanyinda), un adolescent albinos frappé du même sort qu’elle, devenu son ami et soutien.

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Sorcière

Pour son quatrième long-métrage, Kim Nguyen s’est inspiré de faits réels. Après avoir entendu parler, en 2000, d’un enfant-soldat birman de 9 ans qui affirmait être la réincarnation de Dieu et qui avait entraîné une armée à le suivre, le réalisateur a entamé des recherches. Il a alors découvert en Angola l’histoire d’une enfant-sorcière vivant parmi des rebelles. Et s’en est inspiré. Seuls trois acteurs québécois ont participé au film, les autres étant congolais et en majorité non professionnels. Par souci de réalisme, plusieurs scènes ont été réalisées en lingala.

Après ce succès, Rachel Mwanza a affirmé vouloir « être actrice toute [sa] vie ». Pourtant, jusqu’ici, rien ne la prédestinait à une carrière cinématographique. Enfant de la rue, abandonnée par ses parents après leur divorce et leurs départs respectifs pour l’Angola et une province lointaine du Congo, elle a été recueillie par sa grand-mère avec ses six frères et soeurs. Mais très vite, cette dernière lui a demandé de subvenir elle-même à ses besoins. De nouveau seule, l’adolescente s’est retrouvée sous l’emprise d’un caïd. « Ils entretenaient des relations ambiguës, raconte Kim Nguyen. Elle travaillait pour lui, et en échange il lui offrait un refuge. » Le réalisateur se trouvait à Kinshasa en pleines auditions pour recruter des acteurs congolais lorsqu’il a entendu parler de Rachel. « Elle avait été remarquée par des producteurs européens et avait déjà tourné dans un documentaire, explique-t-il. Quand je l’ai vue, j’ai senti qu’elle avait du caractère, et, une fois sur le plateau, elle s’est révélée extraordinaire. C’était assez déconcertant de travailler avec elle, car elle n’avait pas besoin de répétitions, au contraire des acteurs canadiens qui ont toujours l’habitude de répéter avant de tourner. Elle, elle chantait, s’amusait, faisait des grimaces, et au moment où on disait "action !" elle faisait preuve d’une concentration parfaite, sans préparation. »

Après le tournage, l’équipe québécoise a fait en sorte qu’elle puisse mener une vie plus stable. Repartie vivre chez sa grand-mère, l’actrice apprend désormais à lire en français et va régulièrement à l’école. « C’est une sorte de miracle que j’aie été retenue pour ce rôle », s’est exclamée Rachel Mwanza, l’ours d’argent dans les mains. 

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