Maroc : Attijariwafa Bank cherche toujours son actionnaire de référence

Annoncée comme imminente en début d’année, la cession de 15 % à 20 % du capital tarde à se concrétiser. Les bons résultats en 2011 de la première banque du Maroc sauront-ils attirer un acquéreur ?

Point négatif : l’institution de Casablanca présente un taux élevé de créances douteuses. © Hassan Ouazzani pour J.A.

Point négatif : l’institution de Casablanca présente un taux élevé de créances douteuses. © Hassan Ouazzani pour J.A.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 28 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Au final, 2011 a été une bonne année pour Attijariwafa Bank (AWB). Dans un contexte financier difficile à l’international et marqué par un tarissement des liquidités sur son marché domestique, le premier groupe bancaire marocain, coté à la Bourse de Casablanca, a annoncé un total de bilan de 31,4 milliards d’euros en 2011 (+ 12 % sur un an), un produit net bancaire de 1,4 milliard (+ 8,3 %) et un résultat brut d’exploitation de 780 millions (+ 5,3 %). Le groupe attribue cette performance, qui lui a permis d’atteindre plus tôt que prévu les objectifs de son plan stratégique « Attijariwafa Bank 2012 », à une bonne « maîtrise des charges d’exploitation, à la gestion rigoureuse des risques et à l’accélération de la capture des synergies ».

Quelques jours avant la publication de ces résultats, l’agence de notation Fitch Ratings avait maintenu la note du groupe en matière de liquidités à long terme à BB+, estimant qu’AWB présente « une rentabilité satisfaisante et une bonne capacité à générer des revenus grâce à la diversification de ses activités ». Cette note plutôt encourageante permettra-t-elle d’accélérer l’arrivée d’un nouvel actionnaire au sein du groupe ? Annoncée comme imminente en tout début d’année par les médias, la cession de 15 % à 20 % du capital détenu par la Société nationale d’investissement (SNI, holding royal) tarde à se concrétiser.

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Certes, la SNI et AWB se sont donné jusqu’à la fin de ce premier trimestre pour boucler l’opération, mais depuis que Qatar National Bank (QNB), présenté un temps comme l’éventuel acquéreur des parts de la SNI, a conclu un protocole d’accord pour la reprise de l’Union marocaine des banques (UMB), plus aucune information ne filtre. « Il est désormais plus raisonnable d’envisager un partenariat purement commercial entre les deux groupes », estime Hanane Rahali, analyste à CFG Group. Car, en acquérant l’UMB, QNB devient détenteur d’une licence dans le pays et n’a aucun intérêt à prendre une participation minoritaire dans une autre banque locale.

D’une manière générale, la cession des parts de la SNI devient de plus en plus incertaine. « Pour une banque, ce type d’opération est très consommateur de fonds propres, et peu de groupes internationaux sont prêts à investir des montants importants pour une prise de participation non majoritaire », analyse Sébastien Hénin, gestionnaire de portefeuille au sein du groupe financier émirati The National Investor. L’opération telle qu’elle est initialement présentée devrait en effet s’élever à plus de 1 milliard d’euros, sur la base d’un cours du titre AWB à environ 370 dirhams (33 euros).

Faiblesses

Du coup, les pistes évoquées aujourd’hui sont notamment celles des fonds financiers internationaux ou de capital-investissement, qui seraient plus dans une logique purement géo­stratégique. Par exemple, une prise de participation dans AWB peut être pour des fonds asiatiques l’occasion de prendre pied sur le marché marocain, et sur ceux d’Afrique du Nord en général.

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Mais d’ici là, le groupe, qui est implanté dans une dizaine de pays subsahariens et doit digérer les acquisitions de ces dernières années, a d’autres défis à relever. Car, malgré ses résultats positifs, AWB présente des faiblesses liées notamment à la qualité de ses actifs. Fin juin 2011, les créances douteuses nettes du groupe étaient estimées à 11,37 % des fonds propres. Si cette proportion reste dans la moyenne des banques locales, elle est toutefois légèrement supérieure au plafond de 10 % préconisé par la Banque centrale marocaine. À cela il faut ajouter « la forte concentration du portefeuille de prêts [deux des plus gros débiteurs détiennent chacun environ 10 % des crédits, NDLR], qui expose la banque à une détérioration rapide de la qualité de ses actifs en cas de crise économique », selon Fitch Ratings.

Par ailleurs, « la baisse des investissements directs étrangers [passés de 2,1 milliards à moins de 1 milliard d’euros entre 2010 et 2011] en raison de la récession qui guette les économies européennes mais aussi le recul des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger confrontent les banques marocaines à un manque de liquidités », ajoute Hanane Rahali. Une situation qui, dans le cas d’AWB, est amplifiée par la croissance plus rapide des crédits distribués (+ 11,1 %) que celle de l’épargne collectée (+ 5,9 %).

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De fait, pour se renflouer, AWB prépare pour les semaines à venir la cession (titrisation) d’une partie de sa dette, pour 180 millions d’euros. Le groupe, dont le total des actifs représentait près de 41 % du PIB marocain à la mi-2011, n’exclut pas non plus une levée de fonds dans le courant de cette année. Une opération qui lui permettrait ainsi de consolider ses positions et d’accroître ses revenus. 

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