Plaidoyer pour un meilleur partenariat Afrique-France
Emmanuel Macron a effectué son 18e séjour sur le continent dans un climat de défiance. La nouvelle relation d’égal à égal souhaitée par Paris doit avant tout reposer sur des échanges commerciaux et des investissements plus efficaces, plus transparents et davantage en accord avec les priorités africaines.
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Serah Makka
Directrice Afrique de ONE.
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et Najat Vallaud-Belkacem
Directrice France de ONE.
Publié le 10 mars 2023 Lecture : 3 minutes.
Après le retrait des forces françaises du Mali et plus récemment du Burkina Faso, et répondant aux exigences grandissantes – à juste titre – de ses alliés sahéliens et subsahariens, Emmanuel Macron a appelé de ses vœux une nouvelle relation avec l’Afrique, plus « équilibrée, réciproque et responsable ». Car l’image de la France sur le continent africain se dégrade, tout particulièrement auprès de sa jeunesse, qui représente plus de 60 % de sa population.
Au-delà des questions militaires, on ne peut pas en vouloir aux jeunes Africains d’être frustrés par la façon dont la France a, par exemple, récemment augmenté les frais d’inscription pour les étudiants étrangers, ou par les différences majeures entre l’accueil dans l’Hexagone des réfugiés ukrainiens comparé à celui qui est réservé à leurs compatriotes fuyant également des conflits. C’est donc dans un climat de défiance croissante qu’Emmanuel Macron a entamé son 18e déplacement en Afrique depuis sa première élection.
Intégrer l’Union africaine au G20
L’Afrique demande aujourd’hui un nouveau partenariat basé sur le respect mutuel, qui bénéficie à tous ses acteurs. Or, s’il a détaillé le renouveau de sa stratégie militaire, amorçant une nouvelle ère plus modeste des troupes françaises en Afrique, le président s’est relativement peu attardé sur les volets économiques, culturels, sociaux, sanitaires et écologiques, qui sont pourtant autant de pages du nouveau chapitre que la France et l’Afrique pourraient écrire ensemble.
Ce nouveau partenariat d’égal à égal doit avant tout reposer sur des échanges commerciaux et des investissements plus efficaces, plus transparents et davantage en accord avec les priorités africaines. Pour que ces priorités soient pleinement entendues, Paris doit avant tout continuer de soutenir l’accès de l’Afrique à la table des négociations sur la scène internationale, à commencer par l’intégration de l’Union africaine au G20, au même titre que l’Union européenne.
Pour enfin pouvoir véritablement parler sur un pied d’égalité, la France doit aussi plaider pour une plus grande transparence des méthodologies appliquées par les agences de notation aux dettes des pays africains, afin d’en finir avec le double standard en vigueur sur la perception des risques, qui désavantage largement les pays en développement.
Enfin, pour rééquilibrer la distribution des ressources disponibles afin de faire face aux crises climatiques, sanitaires et économiques qui ne connaissent pas de frontières, Emmanuel Macron doit également appuyer les réformes inévitables des banques multilatérales de développement, qui pourraient prêter jusqu’à 1 000 milliards de dollars (près de 946,5 milliards d’euros) supplémentaires aux pays vulnérables.
Rester un interlocuteur crédible
Et pour rester un interlocuteur crédible sur une scène internationale de plus en plus concurrentielle, la France doit commencer par enfin atteindre l’objectif historique d’allouer 0,7 % de son revenu national brut à l’aide au développement. Ces financements, s’ajoutant aux ressources domestiques, sont nécessaires pour soutenir l’éducation, la santé ou la lutte contre le changement climatique. L’Afrique détient d’ailleurs des solutions aux besoins climatiques du monde grâce à ses minéraux verts. Toutefois, nous devons veiller à ce que ces minéraux soient valorisés avant d’être exportés hors du continent, afin que les populations africaines puissent également bénéficier du produit de leur propre sol.
L’Afrique a finalement toujours voulu être considérée comme un véritable partenaire sur le plan économique, tout comme sur celui des principes et des valeurs qu’elle défend. Le temps perdu par la France à faire la sourde oreille ne saurait désormais être rattrapé que par un changement radical de méthode. L’Afrique n’attend pas de la France qu’elle règle tous ses problèmes à sa place. Mais l’Afrique attend de la France qu’elle tienne ses engagements et se mobilise pour promouvoir de nouvelles règles du jeu à la mondialisation dont la France et l’Afrique puissent bénéficier ensemble.
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